[FILM] Impressions sur Karigurashi no Arrietty

Karigurashi no Arrietty est l’adaptation du premier volume de la série de romans « The Borrowers » de la britannique Mary Norton (sortis en France sous le titre « Les Chapardeurs »). Dernier-né du studio Ghibli, le film a été réalisé par Hiromasa Yonebayashi, animateur qui est arrivé au Studio Ghibli en 1996. Karigurashi no Arrietty étant son premier gros projet en tant que réalisateur, c’est dire le poids de la responsabilité qu’il devait porter sur ses épaules, afin de ne décevoir ni le public, ni Hayao Miyazaki lui-même…

Et un nouveau Ghibli, c’est toujours un nouvel événement : de nombreuses campagnes promotionnelles ont entouré et entourent toujours la sortie du film. On notera donc en vrac la diffusion cette semaine au Japon d’une émission spéciale quotidienne autour du film, la rediffusion également de quelques films du Studio Ghibli à la télévision, une exposition intitulée « Karigurashi no Arrietty x Yohei Taneda » au Musée d’Art Contemporain de Tokyo, une vente de goodies inédits dans la plupart des boutiques du grand complexe commercial 0101 de Shinjuku, une opération similaire dans les combini Lawson, ainsi qu’un concert spécial de Cécile Corbel au Tokyo Opera City Concert Hall début août.

Le film en lui-même est donc une adaptation du roman The Borrowers, qui avait déjà connu une adaptation en film sous le titre « Le Petit Monde des Borrowers » il y a quelques années. Et si le livre de Mary Norton peut rappeler l’histoire du célèbre dessin animé Les Minipouss, ce dernier a pourtant été adapté d’une autre série de romans, écrits par l’américain John Peterson : The Littles.

Karigurashi no Arrietty reprend donc plus ou moins fidèlement la trame du roman, transposant l’Angleterre des années 50 à la campagne japonaise de 2010 : les Karigurashi sont des petits êtres de 15cm de haut qui habitent les maisons et volent des objets de la vie de tout les jours afin de survivre, malgré la menace que pourrait représenter la découverte de leur existence par des humains. Le film commence directement lorsqu’un petit garçon humain, Sho, emménage dans la maison de campagne de sa famille : ayant besoin d’un environnement calme à cause d’une maladie du cœur, il devra y habiter quelques temps. C’est en arrivant qu’il découvre par hasard l’existence des Karigurashi, et notamment de Arrietty, alors que le peuple de cette dernière ne doit en aucun cas se faire remarquer des humains…

J’avoue que je suis tout de même allée voir le film en me méfiant un peu : j’avais vraiment été très déçue par le précédent titre du studio, Ponyo sur la falaise, qui restera pour moi le film de Ghibli que j’aurais le moins aimé. Ce Karigurashi no Arrietty est donc mieux passé, et je l’ai même vraiment beaucoup aimé, même si ça ne sera pas mon Ghibli préféré.

J’ai tout de même été très surprise, notamment à cause du ton assez fataliste qui se dégage du film : ça vient peut-être de moi, mais ce qui m’aura assez marquée est la phrase-clef du film qui semble revenir sans cesse et qui pourrait se résumer à : « c’est comme ça parce que c’est ainsi, on ne peut rien y faire ». J’ai trouvé cela assez pessimiste comme message, et j’avoue qu’une fois le film terminé, cela m’a énormément mis un coup au moral. Je pensais passer un bon moment avec ce film et en ressortir avec un sourire sur le visage : là, j’avais plus envie de déprimer qu’autre chose.

Pourtant le film n’est pas triste en soi, loin de là ; c’est donc simplement ce côté fataliste qui m’aura touchée, sans parler de tous ces malheurs qui finissent par s’amonceler à cause des bourdes du petit garçon humain qui pensait agir pour le bien d’Arrietty et sa famille, la maladie du cœur de ce dernier, le côté légèrement sadique de la gardienne de la maison… Sans oublier le fait que la musique celtique utilisée joue énormément dans cette ambiance qui rend le spectateur légèrement mélancolique.

Je retiendrai également les personnages, tous plus attachants les uns que les autres, surtout l’héroïne Arrietty, très espiègle, mais incroyablement remplie de bon sens malgré son  jeune âge. D’un autre côté, il y a certains points du film qui m’auront un peu déçue. Notamment les raccourcis scénaristiques (comment le petit garçon, qui vient d’emménager, a-t-il découvert où habitaient exactement Arrietty et sa famille ? On ne le saura jamais), mais aussi la manière dont se termine le film. Bien que ce dernier soit d’une durée relativement « normale » (environ 1h40), je suis restée quand même sur ma faim. Je n’ai pas non plus eu l’impression qu’il se soit passé tant de choses que ça, et j’ai franchement eu la sensation que ce film n’était qu’une première partie. Ce côté mystérieux fait un peu partie de son charme, mais ça donne quand même l’impression de n’avoir eu qu’un infime fragment d’un univers riche, problème qui est je pense inhérent au roman original.

Niveau graphisme et animation, c’est du pur Ghibli avec de magnifiques décors, mais ce qui m’aura vraiment marquée ce sont les musiques. Comme dit plus haut, elles contribuent véritablement à l’ambiance du film. L’ensemble de la bande-son, ainsi que le thème du film, a été par ailleurs composé par la française Cécile Corbel, harpiste bretonne qui utilise ici des morceaux d’inspiration celtique et orientale.

Au final, j’ai donc beaucoup aimé ce film, même si il m’a un peu laissée sur ma faim, mais c’est surtout grâce à ses personnages attachants, sa jolie bande-son et son ambiance. On a ici une jolie histoire assez touchante, mais je pense tout de même que ce Ghibli divisera pas mal de monde pour son côté « sans prétention »…

 

17 commentaires

  1. C’est une bonne chose que tu aies aimé, j’attends énormément ce film tout comme chaque Ghibli. Mais plus que le film en lui-même, c’est la bande-son que j’ai hâte d’écouter, notamment la (les ?) magnifique chanson de Cécile Corbel. :)

    Ponyo est moins bien que les Contes de Terremer (que je n’ai pas vu) ?

  2. Cecile Corbel a déjà plusieurs CD a son actif qui du peu que j’en ai entendu, sont dans la même veine que la BO du film.
    Dommage qu’après un ponyo très simple voir simpliste on reste dans un film si peu épique.
    C’est bien un ghibli le film qui donnera lieu à un jeu en collaboration avec level-5, il ne semble pas très épique non plus malheureusement.

    Merci pour les impressions en tout cas, vu que j’aime haibane renmmei pour son côté triste peut-être que ce film la va me plaire.

    En y jetant un coup d’œil je me rends compte qu’il y a pleins de ghibli que je n’ai en fait jamais vu, je sens que je vais avoir de quoi m’occuper.

  3. Lu-sama > pas vu Contes de Terremer, désolée. :( Mais la bande-son de Cécile Corbel est effectivement très belle.

    Asmoghien > vu le roman original, je ne m’attendais pas non plus a quelque chose d’épique, mais ca reste moins « simpliste » qu’un Ponyo. Enfin j’aimerais bien voir un jour un nouveau Ghibli un peu plus épique moi aussi (comme Mononoke Hime, Chihiro ou encore Nausicaa).

  4. ce film… il a l’air de laisser sur notre faim en effect… sinon je trouve qu’il doit avoir un certain charme avec des musiques celtiques (*celui qui critique sans l’avoir vu XD*)
    je jure que j’irais le voir ! (si il sort en salle chez moi ! j’ais pu voir summer wars comme ca!)
    sinon bonne critique comme toujours !
    je crois que gibili est sur un autre projet en ce moment non ?

  5. Merci pour cette critique en direct du Japon. Personnellement j’ai beaucoup aimé Ponyo qui se présente comme un conte pour enfant avant tout et sans prétention mais qui arrive à glisser quelques messages écologiques tout au long de l’animé. J’attends énormément d’Arrietty car cela fait quelques temps que la BO tourne en boucle chez moi & j’adore cette musique !

    Une fois de plus je suis surpris par certain thème de l’animé (maladie de coeur, … ) et merci à toi d’avoir clarifier les choses par rapport aux Minipouces (toute mon enfance). Je pensais sincèrement qu’Arrietty s’en inspirait.

  6. « c’est comme ça parce que c’est ainsi, on ne peut rien y faire »
    C’est un proverbe typiqued es jap : « shikata ga nai » (que je dois certainement très mal écrire) et qui signifie effectivement, que c’est un coup du destin et qu’on ne peut rien y faire. Autant sa présence ne m surprend pas dans un anime, autant l’utilisation que l’on ne fait peut être très malfichue.

  7. QCTX > ce n’est pas tellement un proverbe, plutot une notion qui est devenue une expression de la vie quotidienne, un peu l’equivalent du francais « c’est la vie ».
    Je sais bien que c’est tres japonais comme concept, et qu’on le voit souvent utilise dans les anime, mais en general dans ces derniers il se passe toujours quelque chose qui fait que les personnages luttent un minimum contre le destin. Ici, pas vraiment, les personnages subissent et ne semblent pas vouloir changer les choses (Arrietty y compris accepte cette fatalite). C’est d’ailleurs ca que j’ai trouve un peu triste. ;(

  8. Merci pour ces impressions, j’ai le sentiment que le film va beaucoup me plaire. Même s’il ne se passe pas grand chose, on finit toujours par s’accaparer les moments de contemplation des films des studios ghibli.

  9. Merci pour cette critique. Pour ma part j’avais bien aimé Ponyo, je trouvais que ce long métrage revenait à une histoire simple (voire simpliste) qui m’avait fait aimer les films de Miyazaki (Totoro en tête).
    En tout cas je le trouve beaucoup mieux que Terremer auquel je n’ai pas du tout accroché (je n’ai d’ailleurs pas acheté le film en DVD ensuite c’est dire).

    Si j’ai un peu de temps j’irai voir Arrietty au Japon cet été, cela me permettra de me faire ma propre opinion :o)

  10. Même si la critique n’est pas dithyrambique, ça laisse supposer d’un bon moment quand même. Moi la bande-annonce et la musique me font déjà aimer le film. On verra ensuite.

    Le problème quand on s’appelle Ghibli (c’est pareil avec Pixar), c’est qu’on attend toujours à un chef d’oeuvre. Du coup, on est déçu quand on a juste un très bon film.

    Ponyo n’atteint pas les Chihiro, Mononoke, Nausicaa, totoro and co mais est quand même très bon.

    Pour avoir vu Contes de Terremer, je peux dire que Ponyo est meilleur.

    Le seul Ghibli que je n’ai pas vu est Omoide Poroporo.

    Le moins bon est pour mois Kiki ou Le Royaume des chats (c’est dire le niveau du studio).

    En tout tu es bien chanceuse d’avoir pu voir ce film. Je t’envie.

    Merci pour cette critique, qui me donne bien envie de voir le film quand même.

  11. J’attends ce film avec impatience! j’espère qu’il aura un bon doublage pour la VF …
    Ce qui est bien avec les Ghibli, c’est qu’il y en a pour tout les gouts

  12. Bonjour !!
    Très intéressante chronique, avec laquelle je suis d’accord sur bien des points, ayant eu l’occasion de voir le film il y a quelques jours à Osaka (même si je ne partage pas ton avis sur Ponyo, mais ça, chacun ses goûts, hein ? ;) )
    Je suis en particulier content de voir que je ne suis pas le seul à être resté sur ma faim devant ce Arietty… de très belle facture mais un peu « vide »… Oh, il vaut la peine d’être vu, mais pour moi c’est un Ghibli « mineur ».
    Je sais, ce n’est pas bien de faire de l’auto-pub, mais j’ai écrit un petit article dessus, si vous voulez aller voir : http://filmanimation.suite101.fr/article.cfm/karigurashi-no-arietti—le-dernier-ne-des-studios-ghibli

    Je précise à toutes fins utiles que j’ai écrit cet article AVANT d’avoir connaissance de celui de Fangirl ! :D

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