Sound Novel Evolution Machi - PSP

[PSP] Machi ~ Unmei no Kousaten

Visual novel culte (du moins au Japon) que l’on doit à Chunsoft, Machi est un titre que je voulais faire depuis un certain temps, d’autant plus que je n’ai toujours pas fait sa suite spirituelle, 428 – Fūsa Sareta Shibuya de, un autre visual novel lui aussi considéré comme culte : ce dernier avait obtenu la fameuse note de 40/40 dans le magazine Famitsu, à une époque où obtenir une telle note avait encore un sens étant donné que c’était plutôt rare. Et comme ce 428 va enfin sortir traduit en anglais chez nous en 2018 (sous le nom de 428: Shibuya Scramble), cela m’a motivée pour me lancer pour de bon dans Machi.

Classé cinquième en 2006 dans le top 100 des jeux préférés des lecteurs de Famitsu, au beau milieu de grosses pointures comme les Final Fantasy et autres Dragon Quest, Machi fait également partie de ces titres qui n’ont pas fait des ventes extraordinaires mais qui ont marqué ceux qui y ont joué. Sorti tout d’abord en 1998 sur Sega Saturn, il est le troisième volet de la série des Sound Novel Evolution, aux côtés de Otogirisō et Kamaitachi no Yoru (Banshee’s Last Cry). Il a par la suite débarqué en 1999 sur PlayStation, puis en 2006 sur PSP.

Il sera question ici de cette version PSP, la plus facile d’accès étant donné qu’elle est disponible sur le PS Store japonais et qu’elle est bien entendu jouable sur PS Vita.

Machi, 428 et Time Travelers
Machi, 428 et Time Travelers : trois jeux au principe similaire se déroulant dans le même univers.

 

VISUAL NOVEL & SOUND NOVEL

Machi est avant tout considéré comme un « sound novel », un terme crée à l’origine par Chunsoft. Il n’y a pas de grosses différences avec un visual novel, si ce n’est que le texte est ici présent sur tout l’écran et non dans une petite fenêtre, avec en fond des images fixes. Une grande importance est toutefois donnée à tout ce qui se rapporte au son (les musiques, les bruitages…), mais aussi à l’ambiance. Pour prendre un exemple de sound novel connu, on peut citer Higurashi no Naku koro ni et, plus généralement, les titres de 07th Expansion ; un autre titre plus hétéroclite qui correspondrait à ce type de jeu est Radical Dreamers de Squaresoft, sur Super Famicom.

Pour en revenir à Machi, ce dernier permet au joueur de suivre huit scénarios bien distincts a priori sans aucun lien entre eux. Sa particularité est d’être entièrement composé d’images avec de véritables acteurs ; ce sont des images fixes pour la grande majorité du jeu (il y a quelques séquences vidéo assez courtes), et je précise également au passage que le jeu n’est absolument pas doublé.

Machi - Title Screen
L’écran titre, version PSP.

 

SHIBUYA SCRAMBLE

L’action de Machi se déroule à Shibuya, le joueur suivant ici 8 scénarios bien distincts, chacun proposant un héros différent. Contrairement à d’autres jeux du même genre, les personnages de ces différentes histoires ne finiront pas réunis dans un ultime scénario final : chaque histoire est complètement indépendante (à l’exception de deux d’entre elles qui se recoupent), même si les divers protagonistes se croiseront de temps à autre.

Ces histoires sont de plus assez personnelles : on suit la vie de ces personnages mais aussi leurs problèmes, avec un côté « drama » qui donne souvent l’impression de suivre un feuilleton TV japonais des années 90 où le joueur aurait la possibilité de choisir l’évolution de l’histoire… Car des choix, il y en a, et les fins sont elles aussi très nombreuses : il y a au total 122 mauvaises fins.

Machi PSP
L’avancée du scénario suivant chaque personnage.

Collectionner les mauvaises fins est assez amusant (certaines d’entre elles sont bourrées d’humour), mais la véritable particularité de ce jeu est de proposer la possibilité de passer d’un personnage à l’autre à volonté : le jeu se déroulant du 11 octobre au 15 octobre, le but est de mener chaque personnage au terme du cinquième jour sans encombres.

Suivant le principe de l’effet papillon, il se peut qu’une action complètement anodine de la part d’un personnage (comme par exemple fermer une porte) ait des répercussions sur le déroulement de la journée d’un autre personnage, pouvant mener à une mauvaise fin. Certains scénarios afficheront également à un moment un « à suivre », signalant au joueur qu’il faut avancer dans l’histoire d’un autre personnage pour pouvoir progresser.

Ce système permettant de changer de personnage est nommé ZAPPING, et il sera donc très souvent nécessaire de l’utiliser pour passer d’un personnage à l’autre afin de faire progresser le scénario.

Machi PSP - zapping

 

DES NIVEAUX DE DIFFICULTÉ DANS UN VISUAL NOVEL ?

Certains choix peuvent donc mener vers l’une des nombreuses mauvaises fins, mais pour faciliter la vie des joueurs le jeu propose trois modes de difficulté : Facile, Normal et Difficile. Le mode Facile indique à l’écran par un carré rouge la présence d’un choix fatidique qui peut mener à une mauvaise fin ; de plus, à chaque mauvaise fin obtenue, un indice indique ce qu’il faut faire pour l’éviter. Le mode Facile propose également moins de mauvaises fins et moins de choix.

Le mode Difficile permet quant à lui de jouer à l’aveuglette et demande au joueur de réfléchir, mais aussi de faire attention au moindre événement. Ce mode propose beaucoup plus de mauvaises fins et de choix : c’est un peu comparable au RPG Valkyrie Profile, où choisir le mode de difficulté le plus élevé permet d’accéder à la totalité du jeu et à toutes ses fins.

J’ai de mon côté fait le jeu en mode Difficile, sachant que ce n’est pas si compliqué que cela si on fait un minimum attention à l’histoire (et dans le pire des cas, il y a toujours des guides sur le web !), même si à un moment j’ai eu une mauvaise fin pour tous mes personnages à cause d’un mauvais choix dans le scénario d’un seul protagoniste. Il n’y a toutefois pas de réel game over, et il est même inutile d’user et d’abuser du système de sauvegarde étant donné que le joueur peut choisir dans la timeline du jeu où il souhaite directement se rendre.

 

Machi - Pixiv

(source)

 

LES SCÉNARIOS

Voici une brève présentation de ces 8 scénarios et de leurs protagonistes, avec au passage quelques impressions :

  • Otaku keiji hashiru ! (Cours, détective otaku !)

Machi - Keima Amemiya

Personnage principal : Keima Amemiya, 25 ans.

Considéré comme le personnage central de Machi étant donné qu’il faut obligatoirement terminer le jeu avec son scénario, Keima est un détective otaku (ou plutôt un détective gamer, comme il le dit lui-même) qui se retrouve mêlé à une histoire d’alerte à la bombe : il est le seul à prendre au sérieux un message affiché sur l’écran géant du célèbre carrefour piéton de Shibuya. En décodant le message caché derrière, il comprend que quelqu’un a placé des bombes dans différentes salles d’arcade. Chaque jour sera une véritable course contre la montre, jusqu’à l’ultime confrontation où le joueur devra écrire lui-même le nom du coupable.

Ce scénario, c’est un peu comme suivre un épisode de Détective Conan. Bourré d’action et de déductions en tout genre, dont certaines sont très tirées par les cheveux, il possède également pas mal d’humour. Ce n’est pas mon scénario préféré du jeu, mais c’est l’un des plus divertissants !

  • De-ki-cha-tta (Oups, je suis enceinte)

Machi : Yōhei Tobisawa

Personnage principal : Yōhei Tobisawa, 18 ans.

Yōhei est un lycéen très populaire, mais son côté coureur de jupons va vite revenir lui jouer des tours le jour où Ami, une ancienne conquête, lui annonce qu’elle est enceinte et qu’elle attend son enfant. C’est au même moment que débarque Yuki, une ancienne amie, qui arrive avec un bébé dans les bras et affirme que Yōhei est son père.

Il s’agit d’un scénario rempli d’humour malgré le sujet, même si je me suis dit que tout allait forcément très mal se terminer pour le personnage principal. Paradoxalement, ça n’a pas été le cas, et il s’agit même de l’histoire la plus positive et la plus optimiste du jeu. Avec en prime des tas de rebondissements complètement tordus et une fin à laquelle je ne m’attendais pas du tout.

  • Yaseru omoi (Le régime)

Machi - Yoshiko Hosoi

Personnage principal : Yoshiko Hosoi, 20 ans.

La seule histoire mettant en avant un personnage féminin est sur le thème du… régime. Le but de Yoshiko, une jeune femme obsédée par la nourriture, est de perdre 17 kilos en 5 jours : son petit ami menace de la quitter si elle ne maigrit pas. C’est un scénario qui peut faire sourciller pour son thème, même si tout ici est vraiment présenté de manière caricaturale. L’histoire tourne autour des efforts de Yoshiko pour ne pas craquer, mais aussi des dangers des régimes un peu trop extrêmes.

Si certains passages de ce scénario sont assez drôles car complètement absurdes, la dernière journée de l’histoire de Yoshiko possède quelques côtés qui ne m’ont franchement pas mise très à l’aise, notamment lorsqu’elle essaye de perdre ses 13 derniers kilos en un seul jour. Heureusement, tout se termine bien, mais c’est clairement le scénario que j’ai le moins aimé.

  • The Wrong Man : Ushi

Machi - Ushi

Personnage principal : Masami Ushio, 36 ans.

Ushio est un ex-yakuza amoureux d’une vendeuse d’une bijouterie. Le jour où il veut faire sa demande en mariage sur le lieu de travail de cette dernière, la bijouterie se fait braquer ; comble du hasard, le braqueur en question est une vieille connaissance d’Ushio. Malheureusement pour lui, Ushio est à tort désigné comme coupable et il finit par être poursuivi par la police. Dans sa fuite, il tombe sur l’équipe de tournage d’un drama qui le confond avec son acteur principal, Jintarō Umabe : ce dernier lui ressemble comme deux gouttes d’eau.

Ce scénario rocambolesque assez amusant à suivre a la particularité de se dérouler uniquement sur trois jours au lieu de cinq, ce qui est assez dommage. En tout cas, je l’ai vraiment apprécié.

  • Shichiyoukai (Le groupe des 7 jours de la semaine)

Machi - Masashi Shinoda

Personnage principal : Masashi Shinoda, 21 ans.

Masashi est un étudiant qui se retrouve malgré lui mêlé à l’étrange groupe des « 7 jours de la semaine ». Recruté par la mystérieuse Dimanche suite à un chantage, Masashi devient Vendredi : il doit à son tour arnaquer sept autres personnes en les faisant chanter avec des preuves compromettantes. Motivé par son amour pour Mercredi, une autre membre du groupe, Vendredi prendra goût au chantage et essayera de remplir les missions qui lui ont été confiées. Pourtant, il ne cesse de se poser la même question : quel est le véritable but des 7 jours de la semaine ?

Ce scénario est mon préféré, et de très loin. Il y a ici un peu de tout, en fait : de l’humour, du suspense… J’ai vraiment été happée par l’histoire et son côté absurde, mais aussi par l’évolution de son héros et ses déductions lors du grand final. Le groupe des 7 jours de la semaine est également composé de personnages complètement loufoques et leur slogan, « chinchikore ! », est tout aussi ridicule que cette histoire de chantages.

  • Schrödinger no te (La main de Schrödinger)

Machi - Ichikawa

Personnage principal : Fumiyasu Ichikawa, 38 ans.

Scénariste pour feuilletons bas de gamme, Fumiyasu est un homme torturé qui carbure aux médicaments. Son ambition ? Pouvoir enfin écrire de la vraie littérature. Persuadé que quelqu’un déchire ses scripts pour les réécrire avec un scénario ridicule pendant qu’il dort, il commence à devenir paranoïaque. C’est en tentant par tous les moyens de trouver le responsable qu’il commence à se demander s’il ne serait pas lui-même le véritable coupable, et plus particulièrement sa main gauche, qu’il soupçonne d’agir toute seule.

Nous avons là un scénario plutôt sérieux et complètement « WTF ». A vrai dire l’histoire bascule assez souvent entre le réel et le surnaturel, et le joueur se pose surtout des questions sur l’état psychologique du personnage central. Il ne se passe pas grand-chose dans ce scénario, mais j’ai eu du mal à lâcher ma console lors de la toute dernière journée tellement l’histoire prenait une direction des plus étonnantes. C’est également le scénario qui possède l’ambiance la plus particulière, avec un côté visuel assez intéressant qui joue sur les angles de prise de vue ; de mon côté, j’ai beaucoup aimé, mais j’ai toujours eu un faible pour ce genre de scénario complètement fumeux.

  • Mayoeru gaijin butai (Le légionnaire perdu)

Machi - Ryuuji Takamine

Personnage principal : Ryūji Takamine, 25 ans.

Ryūji est un ancien légionnaire, revenu au Japon trois ans après avoir quitté ses parents et sa famille sans rien leur dire. Parti en France pour s’engager dans la Légion étrangère, ses interventions dans plusieurs pays d’Afrique et les nombreuses personnes qu’il a dû tuer l’ont profondément perturbé. De retour au Japon, à Shibuya, il est complètement perdu : il ne se sent plus vraiment Japonais. Ne sachant rien faire d’autre que chercher des ennuis et se battre, il se retrouve de nouveau confronté à sa famille et à son père. Arrivera-t-il à trouver une place dans ce pays dans lequel il se considère lui-même comme un étranger ?

Un autre scénario très sérieux. Il ne se passe pourtant pas grand-chose durant les cinq jours de cette histoire, mais elle n’en reste pas moins intéressante et très touchante sur bien des points, notamment au niveau de la relation tendue entre Ryūji et son père. Au final, il s’agit de l’un des scénarios qui m’a le plus marquée, principalement à cause de la manière dont il se termine.

  • The Wrong Man : Uma

Machi - UMA

Personnage principal : Jintarō Umabe, 36 ans.

Umabe est un acteur qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Masami Ushio, l’ex-yakuza dont il est question dans le scénario « The Wrong Man : Ushi ». Leurs histoires étant mêlées, Umabe se retrouve accusé du braquage d’une bijouterie car tout le monde le prend pour Ushio. C’est également le cas des yakuzas, qui commencent à s’intéresser à lui…

Une histoire plutôt divertissante remplie de quiproquos : la suivre fut un véritable plaisir. Ce scénario se déroule lui aussi sur trois jours uniquement, mais Umabe et Ushio font encore quelques apparitions durant les deux derniers jours du jeu dans les autres routes des personnages.

  • Scénarios bonus

Machi - PSP

A noter qu’il existe plusieurs scénarios bonus : il y a tout d’abord Ao Mushi Shou, qui se débloque après avoir atteint 100 mauvaises fins (d’où l’intérêt de jouer en mode Difficile !) et a pour personnage principal Norio Aoi, un otaku fan d’anime et de manga. La particularité de cette route est d’être entièrement sous forme de dessins et non en prises de vues réelles. Une autre histoire, Hanabi, se débloque après avoir fini le jeu avec tous les personnages ; relativement courte, elle est centrée sur le père de Ryūji.

La version PSP contient également deux scénarios bonus supplémentaires qui se débloquent après avoir terminé le jeu : Sagiyama et Patrick Dandy (un personnage humoristique qui apparaît dans certaines histoires et parle à moitié anglais). Ces deux histoires sont toutefois linéaires : il n’y a ni choix, ni possibilité de changer de personnage.

 

EN BREF

Je le découvre un peu tard, mais Machi est un sound/visual novel que j’ai trouvé vraiment rafraîchissant et intéressant. C’est un titre qui rappelle beaucoup les drama japonais et leur style d’humour, donc il vaut mieux ne pas être allergique au genre, même si on a droit ici en bonus au charme du Shibuya des années 90. Les musiques sont également très chouettes dans l’ensemble (j’ai eu un petit coup de cœur pour le générique de fin), même si celle qui représente le plus Machi est à mon avis le thème du détective otaku.

À la fois passionnant et fascinant, c’est clairement l’un des visual novels les plus surprenants qu’il m’ait été donné de faire ces dernières années. Sa structure narrative est parfaitement maîtrisée et son univers m’a beaucoup plu ; maintenant, il ne me reste plus qu’à me lancer un jour dans sa suite spirituelle 428: Shibuya Scramble, en espérant qu’il soit à la hauteur de sa réputation !

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2 commentaires

  1. Pour le coup, c’est typiquement le genre de jeux que j’affectionne avec des choix et des fins multiples, des ambiances, des scénarios entrecroisés…mais encore une fois, même si je suis ravi de découvrir une nouvelle perle grâce à toi, je suis emplie d’une grande frustration car le titre est (encore) uniquement en japonais.
    Il va vraiment falloir que j’apprenne la langue !!
    Merci encore pour cette découverte ! C’est vrai que certains scénarios font très drama à les lire comme ça, celui avec ushi me donne de suite des images de Tomoya Nagase dans un de ses rôles de yakusa un peu crétin.

    • C’est effectivement dommage que ce titre ne soit pas traduit, d’autant plus que les visual novels de ce type sont vraiment très rares. C’est le jeu idéal pour ceux qui aiment l’ambiance des drama. :)
      Mais on ne sait jamais car après tout, 428 va bien arriver chez nous traduit en anglais.

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