[FILM] Hoshi wo Ou Kodomo

Attendu par les fans de Makoto Shinkai (Byousoku 5cm, Kumo No Mukou Yakusoku no Bashou…), son tout nouveau film Hoshi wo Ou Kodomo est enfin arrivé ce week-end au Japon sur les grands écrans. Signifiant littéralement « les enfants qui pourchassent les étoiles », le film possède également un titre anglais officiel, nettement plus pertinent avec le contenu du film en lui-même : Children who chase lost voices from deep below. La sortie du film s’est également accompagnée de petits événements allant d’une nocturne qui diffusait les autres œuvres du réalisateur à des avant-premières avec des séances de dédicace, en passant même par un menu spécial crée pour l’occasion à l’Ufotable Cafe en avril dernier.

Et le film, dans tout ça ? Tout d’abord j’avoue avoir eu du mal à écrire ces impressions à cause de la richesse de ce Hoshi wo Ou Kodomo. Il m’a été également très difficile d’écrire quelque chose sans entrer dans le domaine du spoiler : j’ai donc essayé le plus possible d’être très vague sur certains points et d’éviter de parler du scénario dans ses détails pour plutôt me concentrer sur les thèmes du film, le seul passage important touchant au cœur du sujet étant dans une balise spoiler. Et pour ceux qui ne veulent vraiment pas lire la moindre chose sur l’histoire, il y a toujours le dernier paragraphe qui est un résumé global de mes impressions.

Voilà, vous êtes prévenus~

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Un faux Ghibli ?

Si il y a bien quelque chose qui frappe en regardant Hoshi wo Ou Kodomo, c’est le style qui fait très « Ghibli ». Cette impression est essentiellement liée au chara-design, les personnages donnant parfois l’impression de s’être échappés des films de Miyazaki, sans parler d’une ambiance parfois très proche. Durant le film de nombreuses scènes semblent être une référence ou un clin d’œil à un titre du studio Ghibli, voire même à d’autres titre de l’animation japonaise en général. Si Hoshi wo Ou Kodomo m’a donné la sensation de faire plus Ghibli qu’un Ghibli, c’est surtout parce qu’il donne un peu l’impression d’être un « best of » du studio via ses nombreuses similitudes que l’on pouvait déjà observer via les trailers : il est de plus impossible de ne pas penser à Mononoke Hime ou encore Tenkū no Shiro Laputa lorsque l’on regarde certaines scènes. Sachant que Makoto Shinkai s’est entouré ici du même staff que Byousoku 5cm et que le chara-designer est pourtant le même dans les deux œuvres, on peut donc penser que la ressemblance avec une production Ghibli est donc volontaire… même si un court réalisé en 2007 dans le cadre de la série d’omnibus Ani-kuri 15, Neko no Shuukai, utilisait déjà un style graphique similaire.

Au cours d’une interview sur le site du Yomiuri Shimbun où un journaliste lui dit qu’il a ressenti son film comme un hommage aux productions Ghibli, Shinkai affirme qu’inconsciemment il a réalisé certaines séquences qui peuvent le faire penser, mais que le style du chara-design utilisé rappelle plutôt celui de certaines productions comme les fameux Word Masterpiece Theater (Takayo Nishimura, le character designer, a également travaillé sur Konnichi wa Anne ~ Before Green Gables, la « préquelle » de Akage no Anne), Shinkai ayant opté pour un style qui serait dans la continuation de ce genre de dessins animés de l’époque.

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Makoto Shinkai qui veut créer un film aux allures d’un Ghibli pourrait faire sourciller plus d’un fan, pourtant on retrouve ici sa marque de fabrique : des paysages magnifiques et un thème récurrent sur l’amour et l’éloignement, bien qu’il soit plutôt question dans Hoshi wo Ou Kodomo de l’amour perdu, un amour vain qui emprisonne les gens dans leur passé. Le tout se déroule dans un univers très fantasy différent de ce qu’il fait habituellement, cependant je tiens à signaler que malgré les apparences et l’impression que peuvent donner les trailers, ce film n’est absolument pas un film d’aventure à proprement parler ;  il s’agit bien plus d’une quête personnelle et d’un voyage initiatique permettant aux personnages principaux d’évoluer et d’aller de l’avant : après tout, l’accroche sur les affiches japonaises du film est la phrase それは、 さよならを言うための旅 (un voyage pour dire « au revoir »). C’est d’ailleurs en cela que j’aurais bien du mal à qualifier ce film de divertissement pour toute la famille, beaucoup de choses risquant de passer bien au-dessus de la tête des jeunes enfants tant le symbolisme et les références à d’anciens mythes sont nombreux, sans parler de certaines scènes un peu… particulières.

Pour ses inspirations au niveau du scénario, Shinkai affirme dans une autre interview qu’il s’est surtout basé pour son film d’un livre pour enfants qu’il avait lu lorsqu’il était petit : Pyramid boushi yo, sayonara (ピラミッド帽子よ、さようなら), qui raconte l’histoire d’enfants qui rencontrent une mystérieuse jeune fille venant d’un monde souterrain nommé Agartha. On peut également noter la présence d’Agartha dans Hoshi no Koe, qui est le nom de la planète où se retrouve à la fin l’héroïne, ce qui peut laisser penser que Shinkai avait déjà à l’époque voulu créer un film incluant des références à ce même livre.

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A la découverte d’Agartha

L’histoire de Hoshi wo Ou Kodomo nous entraîne dans le japon des années 70, et plus particulièrement dans la vie de la petite Asuna, une élève douée et admirée par ses camarades. Son père étant décédé, elle vit seule avec sa mère ainsi que son petit chaton Mimi et s’occupe de la majorité des corvées sans rechigner. Mais elle a tout de même son petit secret : une sorte de cachette rien qu’à elle située près des montagnes, et où elle garde un souvenir de son père : une petite radio dotée d’un étrange cristal, fonctionnant sur le même principe qu’un tourne-disque (le cristal faisant office de disque et étant lu par une aiguille). Lorsque cette radio lit la musique via le cristal, il est alors possible d’entendre une mystérieuse musique, que la jeune Asuna pense venir d’un autre monde.

C’est lors d’une de ses escapades vers sa cachette que tout bascule : sur le chemin, Asuna aperçoit face à elle un énorme monstre baveux qui ne ressemble à aucune créature existante et qui visiblement ne lui veut pas que du bien. Sur le point de se faire dévorer, elle est sauvée de justesse par un mystérieux jeune homme, Shun, qui possède autour de son cou un étrange pendentif en forme de cristal. La créature se rue alors sur lui mais se fait malheureusement désintégrer la gueule au moment où elle entre en contact avec la lumière bleue produite par le pendentif… et ce malgré les supplications de Shun, qui ne voulait visiblement pas lui faire de mal et seulement le neutraliser.

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Remise de ses émotions, Asuna semble assez troublée par Shun, ce qui est par ailleurs réciproque. Ce dernier l’implore de ne pas revenir sur les lieux, ce que évidemment Asuna ignore, revenant le lendemain près de la montagne où était resté son sauveur. Elle l’emmène même dans son repaire et lui fait écouter son étrange radio, ce qui immédiatement intrigue Shun : le cristal qui permet d’écouter la musique ressemble beaucoup au cristal que lui-même porte à son cou… Il lui dit également venir d’un monde lointain, Agartha, et lui donne avant de partir  un baiser sur le front qu’il dit être sa « bénédiction ». Alors qu’Asuna rentre chez elle, Shun demande à Mimi, son petit chat, de veiller sur elle… avant de disparaître.

Ceci n’est que le tout début du film, mais c’est à partir de cet événement important qu’est la disparition de Shun que le scénario décollera pour de bon. Asuna fera par la suite la connaissance de Shin, le petit frère de Shun qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, venu tout droit d’Agartha lui aussi. Poursuivi par une patrouille spéciale connaissant l’existence d’Agartha, Shin entrainera Asuna avec lui au fin fond d’une grotte qui est en réalité l’entrée vers son monde. L’un des membres des forces spéciales et qui est également Ryuuji, le professeur d’Asuna, les accompagnera, étant donné son intérêt et ses nombreuses recherches sur ce monde légendaire. C’est à partir de là qu’Asuna et Ryuuji se retrouveront embarqués dans un voyage qui leur feront affronter la réalité, leur permettant de surmonter certains événements de leur passé et d’aller de l’avant.

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L’amour, la mort, la renaissance

Si Shinkai aborde surtout dans ses films le thème de l’amour, ici j’ai plutôt été surprise par l’omniprésence du thème de la mort.

Attention, spoilers droit devant~

Le thème de la mort est un thème malgré tout lui aussi lié à l’amour, car nous avons pour une fois non pas une histoire de relation séparée par une quelconque distance, mais plutôt par quelque chose d’inéluctable : la mort elle-même. Que ce soit au niveau d’Asuna, de Ryuuji ou encore à un moindre degré de Shin (Asuna voyant Shun en ce dernier), la mort est quelque chose qui les touche et les poursuivra tout au long du film.

L’élément déclencheur de l’histoire est la mort de Shun au début du film, ce qui poussera Asuna à se rendre de son plein gré dans le monde d’Agartha. Agartha est d’après les différents mythes un royaume légendaire se situant au centre de la Terre et dont la capitale serait Shambhala, mais qui est également ici un monde où il serait possible de rencontrer de nouveau un être cher qui a disparu. Au tout début du film, Ryuuji enseigne à ses élèves les différentes superstitions et mythes entourant ce que l’on peut appeler le royaume des morts, ce qui touchera Asuna : en entendant l’histoire du mythe japonais de Izanami et Izanagi, notamment Izanagi partant secourir son épouse défunte dans le monde des ténèbres (légende très similaire à celle d’Orphée et Eurydice), Asuna fit un lien entre Shun et elle. Ce n’est qu’en entendant son professeur mentionner que le royaume des morts porte differents noms, dont Agartha, qu’elle décide de lui demander plus d’explication : avant de disparaître, Shun lui avait effectivement dit qu’il venait d’un monde portant le même nom. Persuadée qu’Agharta existe, Asuna décide de trouver un moyen de s’y rendre pour pouvoir réellement faire ses adieux à Shun.

Si le thème de la mort entoure donc à divers degrés les différents protagonistes, ce qui guide les pas du personnage de Ryuuji est un peu plus morbide car sous son apparence froide il reste profondément marqué par la disparition de sa femme il y a quelques années, décédée des suites d’une maladie alors qu’il était parti en guerre. C’est cet amour perdu qui le guidera tout au long du film, au point de vouloir par n’importe quel prix la revoir une nouvelle fois.

~Fin des spoilers

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Dans différents mythes le royaume d’Agartha est souvent assimilé à une sorte d’Enfer, accessible via diverses grottes aux quatre coins du globe ; c’est également le cas dans le film, où accéder à Agartha nécessite également le pouvoir d’un cristal spécial, comme celui de Shun, et qui porte le nom symbolique de « clavis ». L’autre aspect lié au côté un peu morbide de ce monde est représenté par ケツァルトル (Quetzalt), une divinité difforme errant à travers Agartha, et qui fait figure à la fois de symbole de mort mais aussi de résurrection.

Outre la mort, j’ai été un peu surprise par la forte présence du thème de la peur, ne serait-ce qu’avec les étranges créatures qui peuplent Agartha, des monstres qui n’apparaissent que la nuit ou dans les zones d’ombre et dont la lumière du soleil ainsi que l’eau sont la seule faiblesse. Ces monstres sont par ailleurs les seuls à posséder un design assez différent, avec un côté hachuré qui donne un aspect légèrement brouillon. Ils sont à l’origine vers le milieu du film d’une scène assez marquante où Asuna est en proie à ces créatures, dans une situation assez similaire à ce que l’on peut expérimenter lors d’une paralysie du sommeil.

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Un voyage touchant

Au final, malgré son enrobage très Ghibli-esque qu’il sera assez difficile d’oublier durant tout le film, on retrouve dans Hoshi wo Ou Kodomo la patte de son réalisateur et les thèmes qui lui sont chers. Mais en dehors des magnifiques paysages, de la très bonne bande-son et du panel d’émotions que ressent le spectateur à son visionnage, ce récit initiatique compte tout de même quelques petites baisses de régime vers le milieu et une introduction assez poussive, ainsi qu’une certaine longueur qui se fait parfois sentir : il dure quand même deux bonnes heures. L’autre chose que je pourrais lui reprocher est de ne pas avoir mis un peu plus l’accent sur la découverte du monde de Agartha pour s’extasier davantage sur les magnifiques décors, bien qu’au final ce ne soit pas très gênant.

On tient tout de même ici une œuvre riche en symbolisme et interprétations diverses, mais aussi et surtout un film attachant, touchant et un brin mélancolique qui, à l’instar de Byousoku 5cm, ne marquera pas tout le monde de la même manière et dépendra de son vécu, quitte à faire verser une petite larme à la fin pour ceux qui se sentiront concernés… et ce fut le cas pour quelques spectateurs dans la salle de cinéma où je me trouvais. Hoshi wo Ou Kodomo est au final une bien jolie petite réussite, et dont j’attends impatiemment la sortie en blu-ray.

19 commentaires

  1. Cette critique me rassure beaucoup sur la teneur du film qui finalement a l’air de garder la patte du réalisateur. personnellement, je suis de ceux qui ont adoré La Tour Au Dela Des Nuages dans lequel beaucoup ont vu des longueurs, mais pas moi, donc a mon avis ce film aussi me plaira.~

  2. Merci pour cette critique, on n’a plus qu’à attendre de pouvoir voir ce film avec une impatience encore plus grande :3

  3. Développé, ton avis semble plus positif que la réaction à chaud sur twitter. Plus qu’à nous d’attendre 6 mois+ pour pouvoir nous faire notre propre avis

  4. NiKi > d’un autre côté je fais partie de ceux qui ont même trouvé que byousoku 5cm traînait en longueur, donc effectivement il faut prendre mon avis là-dessus avec des pincettes wwwww

    FFenril > mais de rien ! Ça compensera avec la critique du second film de Macross que je ferai peut-être pas D:

    Tabris > c’est d’ailleurs pour cela que je n’ai pas écrit de critique « à chaud », c’est vraiment le genre de film qu’il fallait que je digère au moins une journée. ;)

  5. Ca donne envie :3
    Bon ok, j’ai pas tout lu : pour pas me spoiler je me suis contentée de la fin. Mais ça me rassure quelque part.
    Comme NiKi, je ne me suis jamais ennuyée devant un Makoto Shinkai donc… Vivement la sortie DVD \o/

  6. J’ai toujours adoré l’usage qui est fait de la paralysie du sommeil dans les oeuvres imaginaires (récemment, très bien illustrée dans Shiki), le film part gagnant avec de telles références en ce qui me concerne. Plus qu’à voir si la construction du film me plaira, j’avais aussi trouvé 5cm un peu longuet, mais ça vient surtout de la patte de Shinkai, très axé contemplatif jusqu’à maintenant.

  7. Exelen > Depuis le temps c’est plus « que je cherchais une excuse pour ne pas faire » non ? :D Pas bien grave, mais si tu as des impressions rapides je veux bien les connaître o/
    (Sinon, FMP!, FMP!, et aussi FMP!)

  8. Malgré que tu sois rassurante sur le fait que Makoto Shinkai garde son style propre, je ne peux m’empêcher d’être un peu inquiet: j’aime tant ces belles histoires d’amours adolescentes (ah… La traversée du temps …).
    Mais il est évident qu’un auteur doit évoluer, et c’est donc positif et réjoui finalement que j’attends ce film: à n’en nul douter, et tu sembles le confirmer, Makoto Shinkai a su gérer cette transition de style en douceur pour nous offrir une bien belle oeuvre (In Makoto Shinkai I trust ^^).
    Comme quelques autres, byousoku 5cm ne m’a jamais ennuyé et je me suis laissé porté du début à la fin, comme dans un état de demi-sommeil contemplatif. Et pourtant, contrairement à toi je n’ai pas eu la chance de le voir au cinéma (je suis jaloux).
    Pourvu que ce soit le cas de celui-ci :/

  9. Merci pour tes impressions ! Ce fut difficile de ne pas résister à la partie spoiler mais je préfère découvrir le long métrage par moi même en DVD ou Blu-Ray (j’attendrai… ). En général les sorties DVD au Japon les délais sont les mêmes qu’aux USA & en Europe ? 6 mois après la sortie en salle ?

  10. Bababaloo > il me semble que les sorties se font en général 10 mois après, au japon.

    FFenril > c’est surtout que j’ai pas eu le temps de voir le film, et en rentrant au Japon il était déjà plus en salle D:

  11. Makoto Shinkai est un réalisateur qui peut devenir un second Miyazaki
    Il lui suffit juste de lui trouver un très très bon scénariste!
    J’ai apprécié 5 cm per second mais ça traine en longueur et ça n’interesse pas le grandd public,donc si il continue sur cette voie,bé on(le gran public pas moi ^^) le boudera comme d’hab. :/

    J’ai lu un article wikipedia,s’il n’est pas en train de faire un très beau long métrage il travaille pour un studio d’Eroge (jeux érotique)
    Pff,gâcher un talent pareille pour un studio de dépravé,c’est navrant

    e tout mon coeur je souhaaite une bonne audience (au moins 500 000 ça serait pas mal)à son film mais quoiqu’il en soit, je serais le premier à le regarder :x

  12. Merci pour cette critique
    Je viens de finir de le voir en bluray et je suis assez d’accord avec toi dans l’ensemble
    Je retiendrai de cette oeuvre le (bon) côté Ghibli (avec des références claires à 2 de mes films préférés : Mononoke Hime et Laputa) le tout mixé avec une belle bande son signée Tenmon (même si je regrette que la bande son ne soit pas plus présente)

    Au registre des regrets, le fait qu’il donne l’impression d’être moins personnel que ses précédentes œuvres et puis le côté nostalgie qui a un peu disparu…

    Ça reste tout de même un bon film que je conseillerai à toutes mes connaissances :)

  13. Bon, j’achève mon tour des critiques ici~…

    Je suis content que tu ne pares pas trop de Ghiblisation, Shinkai reste à ses fondamentaux, reste à ses amours perdus et offre, à mes yeux une suite logique, du moins dans le fond à 5cm.

    (La suite risque de spoiler Byôsoku 5 centimeter et « Children », je préviens~)

    Au fond, ce film est peut-être l’explication qui était peut-être trop implicite pour être comprise par certains du message de Byôsoku, un peu comme s’il avait voulu dire la même chose (encore~) mais différemment et de manière plus évidente (logique avec le fait qu’il éprouve, par exemple, s’adresser aussi aux enfants, notamment grâce au personnage d’Asuna auquel un enfant pourrait s’identifier plus facilement qu’à Takaki de Byôsoku.).

    Le prof vit dans le passé, un peu comme Takaki et son amour perdu. Asuna vit dans ses pensées, même si elle ne semble pas s’appitoyer sur le sort de son père, elle passe ses journées à écouter la radio qu’il lui vient de lui. Du coup elle est un peu distante avec sa mère ou avec ses camarades de classe (elle refuse d’accompagner une copine parce qu’elle « est pressée » sauf que ce n’est pas vraiment le cas), comme Takaki qui ne parle à personne de cet amour qu’il a du mal à digérer et passe son temps à lui écrire des messages qu’il n’envoie pas.

    Hoshi wo Ou Kodomo porte clairement le message « il faut faire son deuil et apprendre à dire adieu », si Takaki avait abandonné, voire clarifié sa situation avec Akari, il n’aurait sans doute pas passé toute sa jeunesse dans le flou.

    Mais l’autre message est « célèbrez les vivants et non les morts », cf ce qu’hurle Shin quand il essaie de briser le Clavis que le prof utilise pour faire revivre sa femme. Cf aussi sa relation avec Asuna, qui ne le onsidère au départ que comme l’ombre de son frère et ne l’accepte pas vraiment pour ce qu’il est. Alors que son caractère est très différent. On voit bien qu’à la fin du film, ils font le deuil de Shun ensemble, en pleurant et en se regardant peut-être un peu plus pour ce qu’ils sont. => Dans Byôsoku, c’est toute la relation entre Takaki et Kanae qui ressemble à ça : Lui ne pense qu’Akari, au loin et ne « profite », ne regarde pas Kanae qui n’a d’yeux que pour lui…

    Bref, oui Shinkai a voulu faire un film d’aventure universel, oui il a dit avoir étudié les films Ghibli et notamment Laputa, mais il est très loin de faire du Ghibli ou de se trahir. Sa réalisation laisse aussi une grande et large place à la contemplation. J’apprécie aussi le côté très pudique des scènes tristes – on est à des années lumières d’Anohana – qui se limitent même à une coulée de larmes d’à peine deux secondes, avant d’enchainer sur des plans larges lents pour montrer que ces sentiments ne sont pas anodins.

    Bref, un film inspiré entre autres par Ghibli, d’accord, mais rien de plus. D’ailleurs c’est certes la première fois que Shinkai fait de la fantasy, mais ce n’est pas la première fois qu’il invente des régles ou des méchanismes, suffit de regarder Hoshi no Koe ou Kumo no Mukou pour s’en rendre compte. Au fond, la différence entre sf et fantasy est pafois très fine, je pense.

    Par contre j’ai aussi des doutes sur un éventuel problème de rythme avec peut-être quelques longueurs au milieu. L’intro est longue, mais j’ai été fasciné par les décors et l’ait trouvée au final assez essentielle tant elle met en place d’éléments, notamment concernant le personnage d’Asuna, elle est quand même très riche et ponctuée de superbes images, c’est pas le genre de commencements que je trouve ennuyeux.

    Bon, j’arrête là, je pourrais encore en parler pendant 20 ans ;p

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