[Wii] Des chats, du WTF et de la torture mentale : Sukeban Shachou Rena

Sukeban Shachou Rena Wii (女番社長レナWii) est un jeu qui m’a longtemps intriguée. Sorti le 22 octobre 2009 uniquement au Japon, il avait durant cette période-là fait parler de lui sur plusieurs sites de jeux vidéo, et pour cause : il détient le record du plus mauvais démarrage de l’histoire de la Wii, avec une petite centaine d’exemplaires écoulés lors de sa semaine de lancement (le nombre total d’exemplaires vendus restant quant à lui inconnu).

Les différentes vidéos promotionnelles qui circulaient sur le net durant cette même période laissaient entrevoir un jeu complètement barré et faisant un peu figure d’ovni sur Wii, aux côtés du très viril Muscle March. Entre temps, Sukeban Shachou Rena est devenu assez rare (mais pas introuvable), et j’avais eu la chance (ou malchance) il y a quelque temps de tomber totalement par hasard sur un exemplaire dans un magasin au Japon.

Wii - Sukeban Shachou Rena

 

Les chats, c’est vraiment des branleurs

Dans Sukeban Shachou Rena, le joueur incarne un tout nouvel employé de « Cat Queen Inc. ». Cette entreprise spécialisée dans le développement de jouets pour félins est dirigée par la très capricieuse et un brin sadique Rena, cette dernière étant… une chatte. Le but est de réussir divers mini-jeux afin de se faire bien voir de Rena ainsi que gagner sa confiance, et surtout passer de simple petit nouveau à membre à part entière de Cat Queen Inc.

Sukeban Shachou Rena

Notre personnage sera également surveillé par le Let’s Go Sanbiki, un trio de chats aux ordres de Rena : Cherry, Pro et Senshu. Deux autres employés (humains) épauleront le joueur : il y a tout d’abord Itou, d’apparence plutôt froide mais dont la grande faiblesse sont les coussinets sous les pattes des chats ; le second est Yamada, un grand admirateur de Rena aux tendances masochistes qui prend un grand plaisir à se faire griffer et frapper par cette dernière. Il est également jaloux de Tamaki, l’ancien petit ami de Rena… qui est un chat.

On tient là un jeu tout aussi stupide que génial, tenant plus du bakage que du kusoge : il y a même la possibilité de débloquer des couvre-chefs ridicules qui apparaîtront dans le mode Rena no Gohoubi si le joueur obtient des scores assez élevés, ainsi qu’un mode Options où on peut viser des têtes de chat avec sa télécommande Wii.

Sukeban Shachou Rena

Lolcats

On pourrait également se demander ce qui a poussé son développeur, Jorudan, à sortir un tel jeu. Ils sont certes déjà responsables de titres assez louches comme la série de jeux des Hamster Club ou encore Inukko Club, cependant Sukeban Shachou Rena n’est pas un projet original. Il s’agit à la base d’une série de bouquins à but humoristique mettant en scène un véritable chat, la fameuse Rena, qui possède même son propre blog (et a eu droit à des interviews !). Les livres narrent la vie fictive de Rena à la tête de Cat Queen, et c’est donc là-dessus que le jeu se base, même si on peut voir que les développeurs se sont quand même bien lâchés.

Jorudan avait même poussé le vice un peu plus loin en organisant un concours de danse appelé Neko Punch Contest pour fêter la sortie du jeu, les résultats étant accessibles sur leur compte Youtube officiel. Du côté de l’Occident, des américains avaient même fait une pétition pour faire sortir ce titre du Japon en organisant un projet appelé President Cat, visant à inonder le compte Twitter officiel du jeu de messages à propos d’une éventuelle localisation.

Sukeban Shachou Rena

Pour en revenir au jeu en lui-même, il faut savoir qu’il est relativement court et peut se finir en un peu moins de cinq heures, les mini-jeux qui parsèment le mode Histoire pouvant toutefois être rejoués à volonté dans le mode Mini-jeux. J’ai pour ma part eu du mal à le terminer parce que je ne pouvais pas y jouer plus de vingt minutes par jour et que c’était souvent à la limite de la torture mentale. Pourtant, j’adore les chats. Et les jeux stupides.

Si au départ on peut trouver ce Sukeban Shachou Rena assez amusant, on se rend rapidement compte que les mini-jeux ne sont au final pas si nombreux que ça. Ces derniers deviennent même assez difficiles vers la fin du mode Histoire, d’autant plus que le contrôle à la Wiimote n’est pas très au point, le jeu se jouant uniquement avec le combo Wiimote et Nunchuk…

Il faut également arriver à supporter les musiques : l’unique BGM du mode Histoire que l’on doit se farcir en boucle devient rapidement intolérable. Et la musique des différents menus, qui aujourd’hui me hante encore et que je n’arrive pas à oublier, est dans la même veine. Heureusement, le mode Histoire contient de nombreux passages amusants qui permettent de supporter un peu mieux le tout.

Sukeban Shachou Rena

I Can Has Cheezburger?

Concernant les mini-jeux, ces derniers sont au nombre de huit, mais on peut toutefois se demander au vu de certains ce qu’il y avait dans la tête des développeurs au moment de leur création. En voici donc une petite présentation détaillée :

  • On commence par Piano (ピアノ), qui est tout simplement une sorte de leçon de piano où il faut jouer avec Rena en secouant la Wiimote ou le Nunchuk (ou les deux à la fois) en rythme avec les notes qui s’affichent. Si les premiers niveaux sont faciles, vers la fin cela se corse et au final on y arrive tout aussi bien en secouant la Wiimote et le Nunchuk n’importe comment.
  • Le second mini-jeu, et qui est probablement le plus connu pour ceux qui ont regardé des vidéo du jeu, est celui nommé Jump (ジャンプ). Le joueur doit tout simplement éviter des chats qui arrivent en sautant sur son personnage à toute allure en faisant pivoter la Wiimote à gauche ou à droite. Lorsque l’un de ces chats est entouré de cœurs il faut alors appuyer sur le bouton A, ce qui permet d’obtenir une séquence surréaliste où le personnage ouvre grand ses bras pour accueillir le chat en question, avec un ralenti et sous fond de fleurs.
  • Le troisième mini-jeu, Yojijukugo (四字熟語), est probablement le plus difficile pour un non-japonisant. Ici, Rena fait tourner un cube dont seules quatre faces sont visibles, et où sont écrits des kanji. Ces quatre kanji forment un mot qu’il faut deviner car bien entendu ils ne sont pas dans l’ordre, et il faudra donc signaler à l’aide de la Wiimote quel kanji est à sa mauvaise place ou encore quel kanji ne devrait pas figurer dans le mot.
  • Le quatrième mini-jeu est Bonus (ボーナス) et est nettement plus simple que le précédent. Il suffit ici de prendre des liasses de billet à l’aide de la Wiimote lorsque Rena ne regarde pas (sous peine de se faire griffer) et tout en évitant de se faire attraper par Senshu, qui peut à tout moment sauter sur le bras du joueur et donc l’immobiliser pendant quelques secondes.

Sukeban Shachou Rena

  • Le cinquième mini-jeu est Shachou Kuruma Unten (社長車運転), où le joueur se retrouve à conduire la voiture de Rena, cette dernière utilisant un aspirateur pour absorber des boules d’énergie multicolores, boules d’énergie qui permettent par ailleurs à la voiture de fonctionner (il ne faut surtout pas chercher à comprendre)… Il faudra donc à la fois viser les boules d’énergie et diriger la voiture pour terminer ce mini-jeu, qui est beaucoup plus simple qu’il n’en a l’air.
  • Le sixième mini-jeu, Taisou (体操), est un cours de gymnastique où le joueur doit suivre les mouvements de son collègue Yamada. C’est probablement le mini-jeu le plus ridicule et qui est en plus censé représenter les gestes quotidiens d’un chat (on échappe quand même à la toilette !). Heureusement, il n’est pas nécessaire de se payer la honte en suivant exactement les mouvements, et secouer la Wiimote dans tous les sens marche très bien aussi.
  • L’avant-dernier jeu, Osewa (お世話), est peut-être le plus amusant. Il suffit de retrouver trois chats dans une salle remplie de blocs ; il est possible de soulever les blocs pendant quelques secondes afin de dégager le passage pour les chats, mais également de soulever les chats. Il suffit ensuite de poser ces derniers hors de la salle, où ils se dirigeront automatiquement vers leur pâté (pour les plus sadiques, il est tout à fait possible de soulever un bloc et de le lâcher sur un chat).
  • Le dernier jeu est Tsunawatari (綱渡り), où le joueur doit jouer les funambules dans un monde onirique peuplé de chats. Il suffit de suivre un chat sur une corde sans tomber dans le vide afin d’atteindre le paradis des chats, et ce à l’aide de la Wiimote qu’il faut alors faire pencher doucement vers la droite et la gauche pour avancer. Attention, on peut parfois tomber dans le vide à cause de soudaines bourrasques mais aussi à cause de ballons en forme de têtes de lapin. Il s’agit probablement du mini-jeu le plus WTF du lot et qui me fait dire que chez Jorudan, je ne sais pas ce qu’ils fument mais ça a l’air de donner de drôles d’idées.

Sukeban Shachou Rena

Un jeu sponsorisé par le Comité Contre les Chats

Pour les curieux, le jeu possède bien une fin dans son mode Histoire, où le joueur devient employé à part entière de Cat Queen. Mais cela ne se termine pas là car Rena veut maintenant conquérir le monde des jouets pour chats en développant sa société à l’étranger. Elle vise d’abord l’Italie, et le jeu se termine là-dessus (…avaient-ils l’intention de faire une suite ?) avec des crédits de fin assez mignons.

La dernière image après les crédits casse cependant bien le moral, car on y apprend que la fameuse Rena, la chatte qui a servi de base aux bouquins, au blog Neko Punch et enfin à ce jeu, est décédée le 3 février 2009… soit huit mois avant la sortie de ce dernier. Peut-être que ce titre n’était en fin de compte qu’un hommage à la plus féline des PDG… ou qu’il y avait des fans parmi les employés de Jorudan.

Au final, Sukeban Shachou Rena est une sorte de party game scénarisé complètement barré amusant les premières minutes, mais qui devient vite lassant. Le problème est que les jeux sont répétitifs, peu nombreux et très courts, le tout n’étant pas aidé par des musiques des plus abrutissantes et un contrôle à la Wiimote parfois peu précis : lorsque je vois que pour certains mini-jeux on obtient un meilleur score en secouant la Wiimote dans tous les sens plutôt qu’en suivant les indications à l’écran, je me dis qu’il y a un léger souci.

Le jeu reste donc à cheval entre un kusoge et un bakage, même s’il tend plus vers ce dernier étant donné que le ridicule qui enrobe le tout est parfaitement assumé. Si cela pourra plaire aux amateurs de jeux vidéo de niche au concept très japonais dans l’âme ainsi qu’aux amoureux des chats, les autres peuvent l’éviter comme la peste, à moins d’être collectionneur.

Sukeban Shachou Rena

Sukeban Shachou Rena

(source des gifs)

11 commentaires

  1. Tsunawatari rappelle un passage de Kaiji, mais avec un chat… Je me demande si les développeurs n’étaient pas des fans de la série, surtout avec le vent qui vient sur les côtés :p

    Le plus dommage dans l’histoire, c’est qu’on a l’impression que le jeu t’oblige à passer par tous les niveaux de difficultés possible, histoire de rallonger artificiellement la durée de vie. Yojijukugo à la fin…

    PS : t’as pas oublié le mini-jeu consistant à retrouver Rena alors que celle-ci est planquée dans le décor ? Pas un mini-jeu à part entière mais… www

  2. Il y a des screens de chat, on dirait qu’un gros « OBJECTION !!! » va faire son apparition en arrière plan~

    Encore une belle perle made in japan <3

  3. Il a l’air marrant le jeu des yojijukugo ww

    Je sais pas si je devrais te feliciter ou bien… en tout cas t’as vraiment toujours du temps a perdre sur ce genre de conneries :D

  4. Je veux tellement ce jeu *-* Encore plus maintenant que j’ai lu ton test *-* Dommage que j’ai attendu que le prix baisse pour me le prendre, il est bien introuvable maintenant :/

  5. neokenji > ah mais pareil, le mini-jeu tsunawatari m’a clairement fait penser à Kaiji :D
    Pour le mini-jeu où il faut chercher Rena ce n’en est pas vraiment un car il n’apparaît même pas dans la liste du mode mini-jeux. C’est plus un truc random qui arrive dans le mode scénario à intervalles irréguliers (une fois j’y ai eu droit 2 fois à la suite >_>).
    Et bien d’accord pour les niveaux de difficulté qui rallongent la durée de vie artificiellement. D:

    Kyle hyde > tu l’as dit <3

    nyo > mais je n’y peux rien, je m’amuse souvent plus avec ce genre de jeu obscur qu’avec un titre plus… « normal ». Faudrait d’ailleurs que je parle aussi de Girls RPG Cinderelife, un de ces quatre ;D *masochiste*

    Kao-chan > Effectivement y a peu d’exemplaires en vente, maintenant… Il doit en rester sur Amazon jp et probablement sur Yahoo Auctions, mais je ne suis meme pas sure.

  6. j’ai envie de dire « pas chiche » de faire l’un des jeux de drague akb48 vu qu’on arretait pas de tomber dessus a chaque coin de boutique en decembre dernier /o\ (ww)

  7. nyo > ben du coup comme je n’ai pas acheté les jeux de drague des AKB48 ça va être difficile d’en parler, et je me vois mal les importer XD

  8. Exelen > On aurait pu aussi relever l’absence de mode multijoueur. Tous les mini-jeux ne s’y prêtent pas mais Taisou à plusieurs auraient pu être drôle surtout avec les « chorégraphies » bien ridicules :p

    Piano aussi était bien WTF la première fois : on te demande de jouer du piano mais il n’y a même pas de notes de piano dans la première musique. Assez bizarre quand même.

  9. Ça faisait belle lurette que je n’étais pas venue sur ton blog et c’est cet article qui m’a tout de suite donné envie de te relire. Dommage que le jeu ne soit pas à la hauteur. Même si je suis une amoureuse des chats (3 à la maison), je ne sais pas si je n’aurais pas pété un plomb en jouant à ce … jeu.
    Dans le blog de Rena, en date du 23 novembre 2009, c’est bien un autel qu’on voit, avec la photo de Rena, non ? Elle avait l’air d’avoir une certaine popularité.

    En tout cas, merci pour cet article sur ce jeu bien japonais. :3

  10. IcingSugar > Ca faisait longtemps, en effet :) (même si tu ne rates pas grand chose vu que ma cadence niveau billet a nettement diminué).
    Sinon, bien vu, c’est bel et bien un autel en son honneur sur la photo du blog. Elle avait effectivement une certaine popularité ! :)

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