…cela peut donner un résultat des plus intéressants.
C’est le cas d’une courte série de six OAV intitulée Otona no Douwa (« contes pour adultes »), sortie au Japon durant l’été 2000 chez Tōei Video. Méconnue en Occident étant donnée qu’elle n’est jamais sortie de l’archipel (et qu’actuellement aucun fansub n’existe), cette série d’OAV mérite pourtant que l’on s’y attarde un minimum pour qui aime le genre. Car on tient-là un véritable petit trésor caché sous forme d’anime d’horreur plutôt cru, souvent tordu mais surtout malsain, et où tout ne se termine pas forcément bien. Personnellement, j’étais tombée complètement par hasard dessus il y a quelques années sur le site de streaming japonais Nico Nico Douga, où les vidéo avaient eu en leur temps beaucoup de succès auprès des utilisateurs du site (on peut même encore trouver quelques parodies). Hélas, les vidéos étaient de très mauvaise qualité car provenant d’une copie des VHS, mais elles ont de toutes façons été effacées depuis.
Il aura fallu attendre 2009 pour que ces OAV sortent enfin en DVD, OAV qui sont en fait six contes d’environ 25 minutes chacun et réalisés à chaque fois par un staff différent, donnant l’impression de plutôt regarder une sorte d’omnibus. Les trois premières OAV, classées dans une partie intitulée Yonimo Osoroshii Grimm Douwa, se basent sur la version des frères Grimm de Hansel et Gretel, Barbe Bleue et Cendrillon ; quant aux trois autres OAV, classées dans Yonimo Osoroshii Nihon Mukashibanashi, elles adaptent trois contes du folklore japonais : La bataille du singe et du crabe (saru kani kassen), La montagne qui craque (kachikachi yama) et enfin Urashima Tarō.
En voici donc une petite présentation, et je précise au passage que je vais spoiler le contenu de ces OAV, qui diffèrent sur bien des points des contes originaux qu’elles adaptent.
OAV 1 – Hansel et Gretel
Réalisation, chara-design, directeur de l’animation : Hiroshi Takaya
L’histoire :
Touchés par la pauvreté et la famine, des parents ne pouvant plus nourrir leurs deux enfants se décident à les abandonner dans la forêt. Ils mettent donc leur plan à exécution, mais les enfants finissent par retrouver leur chemin et par rentrer à la maison. Et ce plusieurs fois de suite, arrivant même parfois à la maison avant leurs parents, alors que ces derniers tentent désespérément et à plusieurs reprises de s’en débarrasser.
Leur mère, qui avait déjà peur de Hansel et Gretel à cause de leur étrange comportement, finit par complètement paniquer et décide de se débarrasser d’eux pour de bon en mettant des baies empoisonnées dans un morceau de pain qui leur est destiné. Le lendemain, les parents emmènent de nouveau leurs enfants dans la forêt, leur mère leur donnant également le fameux morceau de pain comme repas. Ils repartent en les laissant sur place, effrayés à l’idée que les deux enfants ne parviennent encore à rentrer sain et sauf à la maison. Sauf que cette fois-ci, Hansel et Gretel ne reviennent pas ; ils prennent également soin au passage de ne pas manger le pain de leur mère car ils ont vite deviné qu’il était empoisonné.
Après avoir erré quelques heures dans la forêt, il finissent par découvrir une maison en pain d’épice dont ils commencent à dévorer les murs. Une vieille femme très amicale ouvre la porte de l’étrange demeure et les accueille à l’intérieur, où se trouvent d’autres orphelins qu’elle a gentiment recueillis. Hansel commence à fouiller un peu partout et se rend compte que la maison de la vieille dame est remplie de trésors et autres bijoux rangés dans les meubles et les tiroirs. Aidé de sa sœur, il pousse la vieille femme dans son four alors qu’elle faisait la cuisine puis se débarrasse d’elle en y allumant le feu. Ils laissent également le morceau de pain de leur mère parmi d’autres gâteaux, empoisonnant mortellement au passage tous les autres enfants qui s’étaient jetés dessus en pensant goûter à une nouvelle recette de la vieille femme.
Finalement, Hansel et Gretel parviennent à rentrer chez eux, les bras chargés de sacs remplis de bijoux et de provisions en provenance de la maison en pain d’épice. Hansel annonce à son père de son ton monocorde habituel qu’il a vaincu la « sorcière » qui se trouvait dans la forêt, et ce sous le regard complètement effrayé de sa mère, qui ne pensait pas revoir ses enfants. Paniquée, elle s’enfuit de la maison, mais dans sa course elle trébuche et tombe dans le puits du jardin où elle se noie sous le regard de Hansel, qui lui pose alors une dernière question : « Maman, est-ce que tu m’aimes ? ».
Avis : Le ton est donné avec cette première OAV, où Hansel et Gretel sont incarnés par deux enfants maigres aux formes très longilignes, évoquant peut-être plus des extra-terrestres que des êtres humains. Ils ont non seulement un physique très particulier, mais également un comportement qui l’est tout autant : ils ne parlent que très peu dans cette histoire et lorsqu’ils le font c’est toujours de façon inexpressive et d’un ton très plat. Il en est de même pour leur visage, où on ne peut lire aucune émotion, très certainement pour renforcer ce côté assez inhumain. Ceci tranche même avec le design des autres enfants dans la maison en pain d’épice, et qui eux sont dépeints comme des enfants normaux.
Globalement, si le conte de Grimm a été assez remanié, sur certains détails on peut remarquer qu’il se base davantage sur ses toutes premières versions : la mère des enfants est leur mère naturelle et non leur belle-mère, et le père ne s’oppose pas aux plans de sa femme. Il est également assez intéressant de voir ici que la vieille « sorcière », dont on ignore si elle en est vraiment une et est qualifiée comme telle par Hansel, est une charmante grand-mère qui aide de pauvres orphelins et ne fait rien de mal à Hansel et Gretel, ces derniers n’éprouvant finalement aucun remord à la tuer ainsi qu’à empoisonner tous les autres enfants. Il est même suggéré que c’est Hansel qui, à la fin, pousse sa mère dans le puits… Cette première OAV est également celle qui ressort le plus du lot grâce à son style graphique particulier, son ambiance, mais aussi grâce à ses deux jeunes personnages principaux au comportement de sociopathe.
OAV 2 – Barbe Bleue
Réalisation : Sou Sotoyama – Chara-design & directeur de l’animation : Toshiko Baba
L’histoire :
Une jeune fille, Marianne, est emmenée dans le château de Barbe Bleue : ce dernier est un vieil homme laid mais riche, auquel la jeune fille a été promise bien malgré elle. Accompagnée de Johann, le valet de Barbe Bleue, elle découvre l’immense demeure de son futur époux et aux portes mystérieusement toutes d’une couleur différente. Bien qu’elle éprouve du mal à s’habituer à la présence de Barbe Bleue, Marianne fait quand même tout son possible pour essayer de le connaître un peu plus.
Un jour, ce dernier lui annonce qu’il doit s’absenter quelques temps et lui laisse un trousseau de clefs pouvant ouvrir toutes les portes de son château : il lui demande cependant de ne jamais utiliser la clef dorée qui ouvre la porte de la même couleur. Après le départ de Barbe Bleue, Marianne décide de visiter le château en compagnie du valet ; s’approchant de la fameuse porte dorée, elle est poussée par la curiosité et est sur le point de l’ouvrir mais s’arrête au dernier moment. Quelques jours plus tard, son mariage avec Barbe Bleue est annoncé, ce qui commence à inquiéter grandement la jeune fille. Elle se rend la veille de son mariage dans les appartements de Johann et le supplie de passer au moins une nuit avec elle, sachant qu’il s’agit en quelque sorte de son dernier jour de liberté, ce que finalement ce dernier accepte.
Le lendemain, lors de la cérémonie, Barbe Bleue entre dans une colère terrible et commence alors à étrangler Marianne en lui disant qu’il sait qu’elle l’a trompé. Elle le poignarde à temps avec une dague que Johann lui avait remise la veille et s’enfuit, cherchant en vain de l’aide, mais est finalement rattrapée par Barbe Bleue… et découvre à sa grande surprise qu’il s’agissait en fait de Johann, le valet, alors grimé en vieil homme : ils n’étaient qu’une seule et même personne. Il la tue et traîne le cadavre de la jeune fille jusque dans la fameuse chambre à la porte dorée, où se trouvent tous les cadavres de ses précédentes fiancées… mais également celui de sa mère.
Avis : Dotée d’un style graphique complètement différent du précédent conte et bien plus classique, cette OAV est également bien plus difficile à saisir au niveau de son histoire. L’adaptation en elle-même est plutôt différente des versions les plus connues du conte ; pas de « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » ici, sans parler du fait que l’héroïne n’a pas ouvert la porte dorée lorsque Barbe Bleue était absent, élément important du conte original où elle est censée y découvrir les cadavres des autres épouses. Elle se retrouve donc ici punie non pas pour sa curiosité mais plutôt pour son infidélité, bien que la métaphore de la clef souillée de sang dans le conte original aille aussi dans ce sens-là…
Ce qui rend la compréhension de cette OAV difficile est l’absence d’explications à propos de plusieurs passages : quel est réellement le rôle de ce petit chat aux yeux vairons qui apparaît brièvement, porte le même nom que celui de l’héroïne, et que Barbe Bleue tue également à la fin ? La mère de Barbe Bleue, qui apparaît dans un flash-back au début et à la fin de l’OAV, semble également être un grand mystère ; on peut deviner qu’elle a tué son mari qu’elle détestait, mais a-t-elle ensuite été tuée par son fils, ou bien s’est-elle suicidée ? On remarque que son cadavre est défiguré d’une manière particulière (un œil qui a été arraché et le second cousu), et que les cadavres des autres fiancées de Barbe Bleue le sont aussi. Il reste donc beaucoup de points sombres, mais cette version de Barbe Bleue n’en reste pas moins intéressante, ne serait-ce aussi par le jeu des couleurs et des contrastes utilisés tout au long de ces 25 minutes.
OAV 3 – Cendrillon
Réalisation : Soichi Masui
L’histoire :
Hélène est une jeune fille dont la mère est décédée et le père s’est remarié avec une femme possédant deux filles aussi mauvaises qu’elle. Ses demi-sœurs la traitent comme une moins que rien et la surnomment Cendrillon, ce qui n’empêche pas Hélène de chercher la moindre occasion de se venger d’elles, comme glisser en douce des insectes dans leur lit pendant leur sommeil… et de se régaler de leurs cris.
En se lamentant un matin sur son triste sort près de l’arbre où sa mère est enterrée, elle trébuche sur un morceau de la pierre tombale où était indiqué l’emplacement d’un trésor. En suivant les indications elle trouve non loin un petit coffret enterré contenant de nombreuses pièces d’or, et qui s’avère être en fait l’héritage de sa mère. Contente de sa nouvelle fortune, elle se rend en ville, où elle apprend que le prince du pays va bientôt organiser un bal. Après avoir soudoyé un soldat du château pour obtenir davantage de renseignements, et apprenant au passage que le prince est un fétichiste des jambes, Cendrillon en profite pour utiliser l’or de sa mère pour s’acheter une jolie robe et des chaussures dorées, bien décidée à devenir la future princesse du royaume.
Une nuit, elle entre en douce dans le château en grimpant par le balcon et parvient à rencontrer le prince, faisant en sorte au passage que sa robe mette en valeur ses jambes : le prince tombe aussitôt sous le charme de Cendrillon et l’invite au prochain bal. Le soir du bal en question elle apparaît dans sa plus belle robe, ses sœurs ne la reconnaissant même pas, et se fait inviter à danser par le prince, les deux tourtereaux finissant ensuite par passer la nuit ensemble. Cendrillon lui annonce à ce moment-là qu’elle aimerait mettre en place un plan pour se venger de sa belle-famille, et lui remet pour cela une de ses chaussures d’or qu’il devra faire essayer à toutes les femmes du royaume.
Le lendemain, tous les soldats du royaume sont à la recherche de la jeune femme qui arriverait à mettre le pied dans la chaussure d’or appartenant à la promise du prince. Lorsqu’un soldat (qui est en fait le prince déguisé) arrive chez Cendrillon, les deux sœurs tentent de mettre la chaussure ; n’y arrivant pas, leur mère, aidée de Cendrillon, coupe avec une hache le talon de l’aînée et l’orteil de la seconde, mais les soldats remarquent la supercherie à cause du sang qui déborde de la chaussure. Cendrillon sort alors l’autre chaussure dorée et affirme que c’est elle que tout le monde cherche. Suite à cela ses deux sœurs finissent dans la pauvreté, son père se suicide et Cendrillon épouse le prince, le tout avec un grand sourire.
Avis : La dernière histoire de la série d’OAV basée sur les contes de Grimm adapte Cendrillon, avec là encore un style radicalement différent, rappelant celui des animations en papier découpé. Ce que j’ai apprécié ici est le caractère déterminé de Cendrillon, qui sait d’avance qu’elle veut épouser le prince, et met tout en place pour achever son ambition. Cela donne donc une héroïne au caractère très fort, rien à voir donc avec la greluche du film de Disney (Helia en parle mieux que moi), bien que cette Cendrillon-là possède un visage qui ne laisse transparaître que peu d’émotions durant cette OAV ; si ce n’est à la toute fin, lorsqu’elle arbore un immense sourire pendant son mariage, son plan ayant parfaitement réussi.
Même son idée de faire essayer sa chaussure dorée à toutes les femmes du royaumes rien que pour avoir le plaisir de mutiler les pieds de ses demi-sœurs montre qu’elle n’avait aucun remord ni regret pour tous ceux qui seraient sur son chemin, d’autant plus qu’elle précise au prince que si par hasard une autre jeune fille parvenait à enfiler la chaussure (et donc risquant de mettre son plan à l’eau), il n’y aura qu’à la tuer. La fin reste cependant plus « soft » que dans le conte d’origine, où comme punition les deux sœurs se faisaient également crever les yeux par des oiseaux le jour du mariage de Cendrillon. En tout cas j’ai bien aimé cette version malgré le design général qui me faisait un peu peur au début, d’autant plus que c’est probablement la seule OAV sur les six qui se termine plus ou moins par un happy end.
OAV 4 – La Bataille du Singe et du Crabe
Réalisation & chara-design : Kouichi Takada – Directeur de l’animation : Masao Suwa
L’histoire :
Après un long voyage, un garçon affamé et fatigué arrive dans un village perdu au milieu de nulle part. Il y rencontre une mystérieuse fille, qui semble garder un arbre sur lequel il reste un seul et unique kaki. Le garçon grimpe sur l’arbre et dévore sans hésiter ce tout dernier kaki, sous les yeux effarés de la jeune fille, qui ramasse alors un grain du fruit tombé au sol. Le ventre rempli mais toujours assoiffé, le jeune voyageur commence à errer dans les rues du village et remarque qu’il n’y a personne dehors. Même lorsqu’il s’aventure dans une petite taverne pour demander de l’eau, tout le monde le regarde froidement sans dire un mot.
Sentant que quelque chose ne tourne vraiment pas rond, le garçon commence à vouloir quitter les lieux le plus vite possible. Quelqu’un lui jette un caillou à la tête, et c’est-à-ce moment-là qu’il se rend compte que les villageois ne lui veulent pas que du bien. Il tente de fuir tant bien que mal et parvient à rejoindre la sortie du village, où il retombe sur la jeune fille. Il lui demande alors pourquoi tout le monde lui en veut et elle lui répond sur un ton effrayant que c’est parce qu’il a mangé le dernier kaki. Les villageois finissent par rattraper le garçon et l’attachent à un poteau où ils lui jettent des cailloux.
Plus tard, la jeune fille s’approche de lui avec une grande paire de ciseaux. Le pauvre voyageur lui demande avec peine si elle peut lui apporter au moins de l’eau ; pour toute réponse la jeune fille coupe la corde qui retenait le garçon, et ce dernier, tombant au sol, meurt sur le coup en se brisant la nuque.
Avis : Il s’agit peut-être de l’histoire que j’ai personnellement la moins aimée, d’une part à cause d’un gros problème de rythme et d’autre part à cause du côté complètement gratuit de la torture du jeune garçon, qui ne semble pas vraiment justifiée ici et très disproportionnée par rapport à son crime. A vrai dire si on ne connait pas le conte on se demande bien pourquoi un village entier veut la mort de quelqu’un uniquement parce qu’il a mangé un fruit…
Dans le conte original, le déroulement est assez différent et les personnages sont en fait des animaux, mettant en scène un crabe et un singe qui trouvent respectivement une boulette de riz et une graine de kaki. Le singe, jaloux que le crabe ait trouvé la boulette de riz, lui demande de l’échanger contre sa graine, en lui disant que maintenant ce n’est peut-être pas grand-chose mais que cela fera plus tard pousser un arbre rempli de kakis dont il pourra se régaler. Le crabe accepte, mais une fois que l’arbre a fini de pousser, il se rend compte qu’il ne peut pas grimper dessus à cause de sa carapace… Lorsque le singe revient, il grimpe à l’arbre et vole les kakis, et en jette un mûr sur le crabe qui lui suppliait alors de lui en donner un, le tuant sur le coup. Au finalm les enfants du crabe parviennent à venger sa mort et le singe est tué ; c’est donc assez différent du conte original bien que les éléments-clés aient été gardés, le crabe étant ici représenté par une jeune fille aux cheveux rouges maniant de grands ciseaux. Rien d’exceptionnel non plus au niveau de la réalisation, et personnellement je trouve que c’est un peu le maillon faible de ces six OAV.
OAV 5 – La Montagne qui Craque
Réalisation, chara-design, directeur de l’animation : Hiroshi Takaya
L’histoire :
Un village situé dans la campagne japonaise voit sans cesse ses champs pillés par un voleur. Ce voleur, un lapin, est en fait le meilleur ami d’un tanuki. Le tanuki en question est un homme très gentil qui aime rendre service aux gens, mais qui un jour surprend le lapin en plein méfait. Malheureusement pour lui non seulement il se fait accuser lui-même de voleur, mais en plus il se retrouve également accusé du meurtre de la femme du propriétaire des champs, tuée par le lapin : voyant alors sa tête mise à prix, il n’a pas d’autre choix que de fuir.
Il croise dans son errance une jeune femme portant un tas de bois sur son dos qui semble s’être foulée la cheville, et décide par pure bonté de l’aider en portant à sa place son chargement. Entendant derrière lui un drôle de bruit qui ressemble à des craquements, il se rend compte que la jeune femme a mis feu au tas de bois qu’il portait dans son dos : elle lui explique alors calmement qu’elle est la fille de la femme du fermier (dont il avait été accusé à tort du meurtre) et qu’elle veut venger sa mort. Le feu brûle grièvement le dos du tanuki qui s’enfuit et arrive, paniqué, jusqu’à la maison d’une de ses connaissances. Ce dernier voit que le dos du pauvre tanuki est bien brûlé et commence par lui appliquer de la pommade, tout en lui disant que sa tête vaut une jolie petite fortune… Comprenant son intention, le tanuki s’enfuit en sautant par la fenêtre et finit dans sa course effrénée par tomber sur le véritable voleur. Il le poursuit jusque dans un lac à l’aide d’une barque en bois, mais se rend compte bien trop tard que le lapin avait fait un trou dedans, ce dernier le traitant d’imbécile…
Le lapin sauve le tanuki de la noyade pour toucher sa prime et le ramène sur la berge, or ce dernier est devenu complètement fou et se jette sur son ancien ami pour l’étrangler ; malheureusement pour lui, des villageois arrivent et sauvent le lapin, maintenant persuadés que le tanuki est vraiment un criminel. Le fermier dont la femme avait été tuée se venge en le décapitant, la tête du malheureux tanuki finissant plantée sur une pique sur la place du village.
Avis : Une version plutôt intéressante et surtout bien différente du conte original. Là encore il s’agissait à la base d’un conte avec des animaux ; plutôt que de les transformer complètement en humains, comme dans l’OAV précédente, le choix a été fait de leur donner à tous un masque d’animal, ce qui ne laisse aucun doute sur leur identité par rapport à leur équivalent dans le conte. Mais par rapport à ce dernier l’histoire a quand même bien changé, et ce même s’il était également bien glauque à l’origine : l’histoire parle d’un vieux couple qui avait adopté un lièvre et dont un tanuki vole un jour la nourriture.
Le tanuki est fait prisonnier, mais il supplie la femme de le libérer. Il la tue et fait un bouillon de son corps, prend son apparence et attend que le vieil homme revienne. Là, le tanuki, toujours transformé, lui donne le bouillon préparé avec le cadavre de son épouse. Le lièvre, témoin de la scène, vengera la mort de sa maîtresse en faisant le plus de mal possible au tanuki : mettre le feu à un tas de bois qu’il portera à un moment dans le dos, enduire son dos brûlé d’une pommade à base de piments, et au bout du compte le noyer. Le héros du conte est donc le lièvre tandis que le tanuki est quasiment une véritable ordure, et leurs rôles ont donc totalement été inversés dans cette adaptation. De plus, cette OAV propose une mise en avant assez intéressante de la folie grandissante du tanuki, persécuté par tout le monde, et ce jusqu’au moment symbolique où son masque d’animal finit par se fissurer.
OAV 6 : Urashima Tarō
Réalisation : Soichi Masui – Chara-design & directeur de l’animation : Toshiharu Sugie
L’histoire :
Urashima Tarō est un jeune pêcheur qui aime bien passer ses soirées en ville pour s’amuser avec des femmes. Un soir, il sauve la vie d’une vieille femme, appelée Okame, d’un groupe d’hommes. Pour le remercier elle lui demande de la suivre jusque dans un palais très spécial, ce que fait Urashima Tarō à contre-cœur étant donné le physique peu attirant d’Okame. Arrivé au fameux palais, Urashima Tarō est emmené dans une pièce où de jeunes femmes lui apportent de quoi fumer une substance bien étrange… qui le fait littéralement halluciner. Envoûté par la fumée et par les jeunes femmes, Urashima Tarō n’arrive plus à faire la part entre le réel et l’imaginaire.
Déconnecté de la réalité, il passera sans s’en rendre compte des années à satisfaire tous ses fantasmes et ses désirs en couchant avec un nombre incalculable de femmes, le tout dans un univers assez psychédélique. Car Urashima Tarō ignore qu’il est en fait prisonnier et enfermé dans une prison avec d’autres hommes, tous en train de rêver et d’halluciner à cause des substances hallucinogènes qu’on leur fait fumer tous les jours. Un jour, Okame emmène un Urashima Tarō complètement abruti par les volutes de fumée auprès de la maîtresse des lieux, la princesse Ryuu. Toujours drogué, le pêcheur ne se rend pas compte que Ryuu est en fait une sorte de zombie à la peau recouverte d’écailles et, persuadé qu’il s’agit d’une splendide jeune femme, fait l’amour avec elle. S’estimant satisfaite, Ryuu lui fait un cadeau avant qu’il ne soit raccompagné dans sa prison : une jolie petite boîte.
Les années passent et Urashima Tarō commence à retrouver ses esprits ; reprenant contact avec la réalité, il tente alors de fuir loin de ce palais maudit. Lorsqu’il arrive à s’en échapper, bien des décennies se sont écoulées : sa maison est en ruines et il apprend que sa mère est morte il y a très longtemps de chagrin après avoir appris sa disparition. Abattu, Urashima Tarō ouvre alors la petite boîte remise par Ryuu, qui contient un peu de cette drogue hallucinogène qu’il a inhalée pendant toutes ces années ; il en fume une dernière bouffée avant de se suicider en se jetant du haut d’une falaise.
Avis : Une version elle aussi bien spéciale du célèbre conte de Urashima Tarō. J’ai quand même trouvé intéressante l’idée de transformer l’exil de Urashima Tarō dans le palais de la princesse en une sorte d’emprisonnement, le pêcheur finissant esclave de la drogue et de ses hallucinations pendant bien des années. Dommage tout de même que le côté irréel ne soit pas plus prononcé que cela, parce qu’il y avait matière à faire quelque chose de bien fumeux (sans jeu de mot). C’est clairement l’OAV la plus érotique également, les métaphores phalliques pas très fines ne manquant pas et le héros passant son temps à se faire toutes les femmes qui lui tombent sous la main, le tout agrémenté de scènes assez psychédéliques qui font un peu mal aux yeux et à la tête. Ce n’est peut-être pas la meilleure OAV du lot, mais la séquence entre le héros et la princesse Ryuu m’aura assez traumatisée.
~
Que dire, au final, sur ces OAV ? Déjà, elles ne s’adressent clairement pas à tout le monde : il faut aimer ce style d’anime d’horreur assez sadique envers ses personnages, même si les contes originaux qu’elles adaptent ne sont pas non plus très roses. Elles peuvent être bien entendu appréciées individuellement et sont assez inégales en terme de qualité, certaines se démarquant plus du lot que d’autres.
Personnellement j’ai quand même trouvé les trois adaptations des contes de Grimm supérieures à celles des contes japonais, et plus généralement les deux histoires que j’ai préférées sont celles réalisées par Hiroshi Takawa : Hansel et Gretel et La Montagne qui Craque. On y trouve dans ces deux OAV un trait personnel bien marqué par rapport aux autres ainsi qu’un contenu assez dur, l’une des OAV mettant davantage en avant le sentiment de paranoïa tandis que l’autre se démarque surtout pour l’injustice qu’elle fait subir à son héros. Chose intéressante pour finir, ces OAV ne sortent pas vraiment de nulle part car elles sont adaptées d’un livre sorti il y a quelques années au Japon, Hontou wa Kowai Sekai no Douwa (littéralement, des « contes du monde entier vraiment effrayants »), qui propose 38 contes célèbres mais revus d’une manière bien particulière. En tout cas, je ne peux que conseiller ces OAV à ceux qui aiment les anime tordus et surtout qui sortent de l’ordinaire : de mon côté, j’ai vraiment beaucoup apprécié.
Je ne connais pas suffisamment les contes japonais adaptés pour savoir si le rendu est proche des originaux, mais ce qui est intéressant avec les OVA qui s’attaquent aux contes de Grimm, c’est qu’ils ne sont pas tant que ça détournés par rapport aux originaux, Cendrillon est même plus soft comme tu le remarques, c’est dire. La différence tient juste au caractère de Cedrillon, qui n’est pas la manipulatrice qu’on nous présente ici mais mais totalement innocente non plus chez Grimm. J’aime bien cette approche de son caractère, même si on peut se demander si du coup ce n’est pas elle la méchante, et qu’on est du coup confronté à une vraie mauvaise fin. Franchement, son sourire satisfait me donne des sueurs froides…
C’est encore plus évident pour Hansel et Gretel, on en parlait avec Helia à propos du Märchen de Revo où il racontait de manière similaire comment les deux enfants étaient les vrais bourreaux et que la vieille femme avait surtout bon coeur à la base. Le détournement n’est pas totalement tiré par les cheveux, et on peut se dire que le conte tel qu’on le connaît donne raison aux enfants parce qu’ils est raconté de leur point de vue. C’est intéressant de voir qu’au final, tout est loin d’être noir ou blanc dans ces contes, les victimes passent pour des choses pures et innocentes parce qu’elles profitent de la situation. Je repense à Blanche Neige qui fête son mariage avec le prince en torturant sa belle-mère qui finit en feu de joie, ça aurait pu faire un OVA tout à fait dans le ton…
J’ai très envie de voir ce que donnent les contes japonais que je connais moins qui semblent aussi avoir un ton très corrosif (La Bataille du Singe et du Crabe, l’anti nekketsu ?), d’autant plus que la réalisation ne manque pas de caractère à part peut-être pour Barbe Bleue, qui m’a l’air de bénéficier d’un style plus basique qui me rappelle un peu Petshop of Horrors.
Merci pour la découverte :)
Wouah faut étre vraiment un sacré tordu pour faire un truc pareil je ne regarderai jamais ces oav !!!!
Gen’ > Pour les contes japonais dont il est question ici je n’en avais qu’un vague souvenir, mis à part Urashima Tarô, donc effectivement en visionnant les OAV je ne savais pas trop si ils étaient proches des originaux ou pas. Quant aux contes de Grimm, effectivement ils ne sont pas tant détournés que cela comme tu le dis, on dirait juste une variante de plus comme il en existe déjà tant.
Pour Cendrillon, elle passe un peu pour une méchante ici mais ça ne m’a pas tant choquée que ça ; dans les OAV elle est aussi confrontée à son père qui lui demande si sa mère, sur son lit de mort, ne lui a pas mentionné quelque chose en rapport avec un héritage. C’est un point parmi tant d’autres que je n’ai pas mentionné dans le résumé que j’ai écrit (j’ai vraiment résumé les OAV dans les grandes lignes), mais l’entourage de Cendrillon en dehors de sa belle-mère et ses demi-sœurs avait l’air aussi manipulateur qu’elle, si ce n’est plus. Bon, après elle reste quand même une sacrée sadique vu qu’elle participe à la mutilation des pieds de ses sœurs. :p
Hansel et Gretel propose effectivement ici une approche différente où les enfants sont un peu les bourreaux de leurs parents. D’ailleurs c’est clairement l’histoire qui sortait le plus du lot.
Sinon je suis un peu triste d’avoir reçu après avoir rédigé cet article le bouquin des « Contes de Perrault dans tous leurs états » qu’avait conseillé Helia dans les commentaires dans un de ses billets sur son blog, parce qu’il y a vraiment des variantes intéressantes de Cendrillon et Barbe Bleue dedans, et j’aurais pu en profiter pour faire des comparaisons.
Michelly58 > mais quelle petite nature, va ;-)
il faut aimer ce style d’anime d’horreur assez sadique envers ses personnages >> Présent !
ceux qui aiment les anime tordus et surtout qui sortent de l’ordinaire >> Toujours présent ^^
Tout à fait le genre d’horreur à mon gout.
Parmi les contes Japonais, La Montagne qui craque est celui qui m’intrigue le plus.
Je hais décidément quand tu fais des revues d’animes dont la probabilité que je puisse un jour les voir est faible.
Quoique… au final je regarde bien aujourd’hui TV Showa Monogatari :)
J’ai sinon la sensation que les Japonais apprécient, lorsqu’ils s’emparent d’un sujet, le détourner, voir le torturer, afin d’en faire leur propre chose, quasiment leur création originale. Comme s’il s’agissait d’effacer tout comparaison possible. Qui pourtant arrive fatalement…
inico > « Je hais décidément quand tu fais des revues d’animes dont la probabilité que je puisse un jour les voir est faible. »
Fais comme moi : achète le DVD sur Amazon.jp ! :D Mais le problème reste le prix si tu le commandes hors du Japon, les frais de port doivent sûrement être aussi élevés que le prix du DVD en lui-même. Du coup je suis je suis bien contente d’avoir acheté mon exemplaire quand j’étais au Japon.
« J’ai sinon la sensation que les Japonais apprécient, lorsqu’ils s’emparent d’un sujet, le détourner, voir le torturer, afin d’en faire leur propre chose, quasiment leur création originale. »
Comme le dis Gen plus hauts dans les commentaires, ils n’ont finalement pas tant détourné les contes que ça, juste apporté une autre vision. Je trouve par exemple pour « la montagne qui craque » que la version d’origine était nettement plus cruelle.
« Fais comme moi : achète le DVD sur Amazon.jp ! »
> Blague ou pas blague ?
En dehors des problèmes logistiques liés à la commande (« euh.. sur quoi j’ai cliqué, là ? »), en passant sur le prix, joie de recevoir un DVD que je pouvoir regardé… sans rien comprendre.
Car j’imagine que si la vente est uniquement sur *.jp, aucun sous-titrage en langue étrangère n’existe.
Mais existerait-il des gens qui comme moi ont un niveau de Japonais se situant entre le vide et le néant, et qui pratiquent ce genre de choses ?
inico > En fait tu peux faire basculer Amazon.jp en anglais. Il y a un petit « Would you like to see this page in English? Click here. » planqué en haut à droite.
Sinon effectivement je disais ça car c’est vraiment le seul moyen pour voir ces OAV (quoique il doit peut-être encore y avoir des vidéos qui trainent sur d’obscurs sites de streaming). Mais dans tous les cas, en effet, il n’y aura pas de sous-titrage en langue étrangère.
« Mais existerait-il des gens qui comme moi ont un niveau de Japonais se situant entre le vide et le néant, et qui pratiquent ce genre de choses ? »
Je t’assure qu’il y en a. ^^;
à 12 ans j’achetais des VHS Dragon Ball HK, et j’ai gardé cette sale habitude en grandissant.
Le HK c’est le bien.
sinon, nice découverte.
Il n’est pas sur Amazon.jp, ou il n’y
est plus en tout cas…
Question bête, mais ça existe vraiment ?
j’ai beau chercher sur plusieurs site japonais, pas l’ombre d’une référence à ces OAV, ni même sur le site de la Toei, alors qu’il semble en être l’éditeur d’après la jaquette… La seule référence sur le net, c’est toi ?
Je retire ce que j’ai dit, j’en ai trouvé quelques uns, mais pas facile…
Mamaragan > Cela restent quand même des OAV difficiles à se procurer si on n’habite pas au Japon.
Et effectivement on peut toujours les trouver sur Amazon JP : http://tinyurl.com/yaft6gp
En tapant le nom japonais dans Google ( 世にも恐ろしいグリム童話 日本昔話 ), tu devrais pouvoir tomber sur d’autres sites qui en parlent également.
Cela en dit en fouillant le net je viens de voir que la série a été fansubbée… en vietnamien (du moins les 4 OAV sur les contes de Grimm) : http://tinyurl.com/c44u2qy
(il y a aussi les OAV dispos en streaming sur ce site, j’ai pas vérifié mais ça a l’air d’être les épisodes complets)
J’ai reçu le dvd, je l’ai trouvé sur cd japan.
Merci pour l’aide et le long descriptif que tu en fais, ça m’aide à bien comprendre l’histoire, moi qui ne parle pas le japonais. J’en profite bien mieux avec tes explications.
Je ne regrette pas l’import. J’aime beaucoup ce genre d’animés, cette ambiance.
J’avais vu les fansub vietnamiens, mais merci. Je comprends pourquoi je n’ai pas trouvé sur Amazon jp, une page entièrement en japonais… Sur cd japan au moins l’anglais je comprenais. J’adore chercher ce genre de choses introuvables.
En tout cas merci pour la découverte!