Je vais continuer dans mes critiques de jeux vidéo obscurs typiquement japonais avec une simulation similaire à la fois à Princess Maker et Tokimeki Memorial : Misa no Mahou Monogatari. Sauf qu’au contraire de ces deux séries, ce jeu-là est assez… mauvais. Et pourtant, le concept de base était plutôt intéressant et pour une fois original : il s’agit ici d’élever une magical girl et de choisir son évolution, avec à la clé plusieurs fins différentes : on peut par exemple obtenir une magical girl qui devient héroïne (un peu à la Sailor Moon) ou encore idol (comme Creamy Mami), voire même obtenir une fin normale sans aucun lien avec la magie.
A l’origine, j’avais acheté ce jeu parce que l’idée me semblait intéressante, mais aussi (et surtout !) parce que le chara-design est signé Akemi Takada, dont je suis une grande fan. A noter également que ce Misa no Mahou Monogatari peut se trouver un peu partout au Japon pour une poignée de yens, y compris sa version collector.
L’histoire est celle de Misa Kamihara, une petite fille d’apparence ordinaire (au design qui rappelle étrangement celui d’une certaine chasseuse de cartes), mais qui cache en elle un véritable talent pour la magie. Lors d’un rêve, la Reine du Royaume de la Magie lui annonce qu’une menace imminente va faire sombrer le monde dans le chaos, et qu’elle a besoin d’elle. A son réveil, Misa se retrouve face à Filim, une sorte d’écureuil qui vient dudit royaume et a été envoyé par la mystérieuse Reine afin de développer ses pouvoirs cachés.
Le jeu commence par un prologue et un générique de début entièrement sous forme de dessin animé, puis il est ensuite demandé au joueur de choisir la date de naissance et le groupe sanguin de l’héroïne. A partir de ce moment-là, l’histoire peut vraiment commencer, le joueur incarnant la mascotte Filim.
Le jeu se déroule d’avril 1996 jusqu’en juillet 1999, années pendant lesquelles il faudra donc s’occuper de l’héroïne via onze options, les deux dernières s’ajoutant un peu plus tard. On a donc le choix entre se reposer, pratiquer la magie, faire du sport, étudier, parler avec ses ami(e)s, dessiner, cuisiner, pratiquer la cérémonie du thé, aller à l’église (le jeu se déroule dans une école privée catholique), faire un petit boulot et partir en vacances.
Là où ça ressemble plus à un Tokimeki Memorial qu’à un Princess Maker, c’est la façon d’élever et de baisser ses statistiques, puisque chaque semaine on doit choisir l’activité (et une seule uniquement) que pratiquera l’héroïne, le week-end étant libre. Le principe est donc exactement le même, par ailleurs la disposition des options et l’interface en général est assez similaire, mais les possibilités sont cependant assez restreintes. De plus, tout comme dans Princess Maker, l’héroïne grandit et change d’apparence au fil du temps. Et c’est là que ça devient un peu bizarre.
Le jeu tient sur deux CD : le premier est l’équivalent d’une année scolaire, alors que Misa n’est encore qu’à l’école primaire, et qu’elle a les cheveux courts. Lorsque l’on change de CD et que Misa entre au collège, cette dernière ainsi que tous les personnages du jeu changent tout de suite d’apparence, mais ils la garderont jusqu’à la fin du jeu. Ce qui fait que même lorsqu’elle a 15 ans, Misa a la même tête qu’à l’âge de 12 ans…
Mais ceci n’est bien évidemment rien par rapport au gros défaut de ce jeu, et pas des moindres, puisqu’il est lié aux statistiques. Alors que dans un Princess Maker ou Tokimeki Memorial, les statistiques permettent justement de se diriger vers une fin précise, et bien ici… elles ne servent à rien. Un comble pour un jeu de ce genre.
Faire étudier à fond la magie à Misa ne la fera pas forcément devenir une magical girl, et lui faire faire du sport ne la transformera pas forcément en sportive célèbre : en fait, on peut choisir vers quelle fin se diriger après la première année dans le jeu (et qui peut se terminer en une petite heure). Une fois que l’on a choisi sa voie, on ne peut plus la changer, et donc peu importe de passer son temps à monter ou baisser ses statistiques : cela ne changera rien.
Ceci est donc TRÈS frustrant étant donné que la majorité de ce jeu consiste justement à utiliser ces statistiques. A partir du moment où l’on apprend qu’elles sont inutiles, ça donne non seulement l’impression de perdre son temps, mais aussi que le jeu se moque un peu de nous. Ou alors il y a vraiment quelque chose qui m’a échappée dans le déroulement du jeu.
Finalement, les seules statistiques utiles (si on choisit de faire de Misa une justicière à la Sailor Moon) sont celles du sport et de la magie, puisque cela influe sur les HP et les MP de l’héroïne, mais j’en reparlerai un peu plus bas.
L’autre chose assez énervante, c’est que les événements se déclenchent automatiquement et au hasard, alors que dans tous les autres jeux de ce genre, c’est lié aux actions et aux statistiques de l’héroïne. Ceci est surtout vrai lorsque l’on choisit la voie normale et de faire de Misa une fille comme les autres, le jeu se transformant alors en une sorte de dating sim du pauvre, aux choix quasiment non existant. Ceci donne donc l’impression désagréable de regarder le jeu (et de le subir) plutôt que d’y jouer.
Vu que le jeu est très court (il se boucle en un peu moins de quatre heures, sans accélérer les dialogues ni sauter les séquences sous forme de dessin animé…), j’ai quand même été masochiste au point de le refaire plusieurs fois, pour essayer de voir les différentes fins (qui sont au nombre de cinq).
La pire fin est certainement lorsque l’on choisit de transformer le jeu en jeu de drague, parce que ça devient très répétitif et lassant, vu que pour gagner le cœur du garçon sur lequel on a jeté son dévolu, il suffit de simplement passer son temps à lui parler (de toutes façons, il n’y a pas d’autres options). Car je le rappelle, les statistiques ne servent à rien dans ce jeu. Super.
La fin la plus intéressante, et dont je vais parler maintenant, est celle obtenue lorsque l’on choisit de faire de Misa une véritable héroïne digne de ce nom, et de la transformer en magical girl justicière.
En choisissant cette voie, le jeu se transforme et permet donc de faire des combats ! Enfin, un peu de diversité, se dira le joueur blasé.
Malheureusement, la joie est de courte durée.
Tout au long de sa scolarité, Misa rencontrera de nouveaux personnages, la plupart étant en fait des démons se cachant sous une apparence humaine et appartenant à un groupe appelé les « Seven Demons » (en anglais dans le texte). Il est très facile de deviner parmi les personnages qui sont ces démons, parce que ce sont tous ceux qui ont une tête de méchant et qui se font mystérieusement transférer dans l’école de Misa en plein milieu de l’année scolaire.
Avant chaque combat, on a droit à la transformation de l’héroïne sous forme de dessin animé, et ensuite les choses sérieuses peuvent commencer.
Les combats en eux-mêmes sont très simplistes car le joueur doit juste donner des ordres à Misa. Son nombre de HP et de MP apparaissent à l’écran et sont liés aux statistiques du sport et de la magie : en lui faisant pratiquer uniquement ces deux activités, on peut donc très facilement la rendre invincible.
Les attaques consomment plus ou moins de MP, et certaines servent à augmenter la défense et l’attaque de l’héroïne. En général, pour gagner un combat, j’ai toujours fait la même chose : j’ai utilisé un sort pour augmenter la défense de Misa, puis un autre pour augmenter son attaque, et j’ai balancé le sort le plus puissant à la tronche de l’ennemi, le « Saint Flare », qui utilise quand même 100 MP.
Les combats sont au tour par tour, sont répétitifs, et surtout, ils ne sont pas très jolis. On a droit à des images fixes de l’ennemi et de l’héroïne, parfois dessinés avec les pieds, et de temps en temps dotés d’une animation très rudimentaire qui fait plutôt honte.
Le plus étrange, c’est après les combats : l’héroïne fait comme si de rien n’était et continue sa vie de tous les jours en discutant avec les ennemis qu’elles a vaincus. Et oui, ces derniers continuent de fréquenter son école, sans aucune allusion à leur combat. En fait, alors qu’ils voulaient tous tuer Misa, ils deviennent soudainement amis sans aucune raison ni aucune explication. En général, dans ce genre de situation, les ennemis changent de camp après un discours un peu niais de l’héroïne, ou bien sont touchés par la bonté de cette dernière, ou je ne sais quoi encore. Mais là, rien du tout.
Encore plus étrange, c’est la fin que j’ai obtenue en suivant cette « route ». Arrivée en juillet 1999 et donc au terme du jeu, après avoir battu tous les démons et en attendant d’affronter le boss de fin, voilà ce que j’obtiens, sans même avoir engagé de combat :
Le jeu se termine sur cette phrase : « La pire des réalités est arrivée, et pas une seule personne n’a maintenant le pouvoir d’arrêter le Dieu du Mal ». Puis on voit le monde détruit, la baguette magique de Misa cassée en deux, le corps inerte de cette dernière, le tout suivi par de rapides crédits de fin et un écran noir avec simplement écrit « fin ». HEIN. JE. QUOI.
Cette bad ending m’a parue assez bizarre, et pensant que j’ai dû faire à un moment un mauvais choix, j’ai essayé de refaire le jeu en choisissant la même voie, mais en vain.
En cherchant un peu sur internet, je suis tombée sur un blog japonais où quelqu’un a donc expliqué que ceci est en fait un bug lié aux premières versions du jeu, et que si on choisit de faire de Misa une héroïne, on obtiendra toujours la mauvaise fin.
…Ils n’ont pas fait tester leur jeu avant de le sortir dans le commerce ?
Concernant l’aspect graphique, ça reste assez joli et mignon mais c’est pixelisé à mort, ce qui ne se voit pas trop sur les images que j’ai mises ici vu que je les ai réduites. Quant aux séquences animées, elles sont de bonne facture, et on reconnait de suite la patte d’Akemi Takada.
Pour les musiques, malheureusement il n’y en a pas beaucoup, dont une que l’on doit obligatoirement supporter durant tout le jeu et qui est tellement horrible qu’elle donnerait presque envie de se taper la tête contre les murs. Quant au doublage, il contient pas mal de seiyuu de renom. A noter que c’est le célèbre Yamaguchi Kappei qui fait la voix de la mascotte (il a notamment doublé L dans Death Note, Usopp dans One Piece, Inuyasha, Ranma…), tandis que la moins connue Tomo Sakurai est derrière la voix de Misa.
Il n’y aurait pas comme un problème de proportions ?
C’est vraiment dommage, car il y avait le potentiel et la possibilité d’obtenir quelque chose de sympa.