L’une de mes séries de jeux vidéo préférée est Tokimeki Memorial (surnommée « Tokimemo »), une dating sim que l’on doit à Konami. Et s’il y a bien un genre de jeu vidéo typiquement japonais que j’apprécie beaucoup, c’est justement celui-ci !
Tout d’abord, qu’est qu’une dating sim ? Et bien il s’agit d’un jeu se concentrant sur les interactions entre le joueur et des personnages virtuels, tout en passant beaucoup de temps à gérer des statistiques : l’objectif principal est de réussir à sortir avec l’élu(e) de son cœur dans un temps limité.
C’est un peu différent des visual novels, ces derniers étant traditionnellement des jeux où l’on se contente de lire du texte et de faire des choix afin de bifurquer vers la « route » du personnage visé. Les dating sims, que l’on pourrait traduire par « simulation de drague » ou tout simplement « jeu de drague » en français, impliquent donc des éléments de gameplay.
Au Japon, le terme « dating sim » n’est pourtant pas utilisé. Les jeux de ce genre sont désignés par d’autres termes, principalement :
- Ren’ai Game (恋愛ゲーム), qui signifie littéralement « jeu romantique » ;
- Bishoujo Game (美少女ゲーム), qui englobe uniquement les jeux où un personnage principal masculin peut draguer des personnages féminins (d’où le terme bishoujo) ;
- Gal Game (ギャルゲー), souvent abrégé en galge, et qui est plus ou moins synonyme de Bishoujo Game.
Ce style de jeu est même parfois classé tout simplement dans la catégorie des SLG (Simulation games) ou encore des ADV/AVG (Adventure games), tandis que les jeux de drague à caractère érotique sont le plus souvent mentionnés sous le nom d’eroge (Erotic game). Je n’oublie pas non plus les otome games (乙女ゲーム), qui visent un public féminin et sont à la fois un sous-genre des dating sims et des visual novels.
Les Tokimeki Memorial sont de leur côté considérés comme des Ren’Ai Simulation Games (恋愛シミュレーションゲーム), c’est-à-dire des « simulations de romance », par opposition aux Ren’Ai Adventure Games (恋愛アドベンチャーゲーム), qui sont des « jeux d’aventure romantiques » : ces derniers sont en fait un autre terme pour désigner les visual novels proposant une histoire avec des éléments de romance. Eh oui, c’est compliqué, d’autant plus qu’il n’y a pas de définition exacte !
L’une des première dating sims : Dōkyūsei 2 Special sur NEC PC9801 (source)
Personnellement j’aime beaucoup ce type de jeu car je trouve que non seulement c’est divertissant, mais aussi très souvent drôle. Et les dating sims, contrairement à des idées reçues, ne sont pas que des jeux pour pervers (enfin… je ne parle pas des eroge, hein). En fait, je comparerais plutôt les dating sims à une sorte de simulation d’anime harem où l’on peut décider avec qui le héros finira.
Difficile de véritablement déterminer la toute première véritable dating sim, mais Dōkyūsei du studio ELF Corporation, sorti en 1992, est considéré comme étant le pilier fondateur du genre. Ce titre posait déjà les bases de ce style de jeu, bien qu’il s’agisse d’un titre interdit aux moins de 18 ans. En fait, on doit surtout l’évolution des jeux de drague à Konami et son Tokimeki Memorial, la première dating sim à briser les conventions en proposant la mise en avant du romantisme, délaissant complètement le côté érotique jusque-là omniprésent.
C’est donc en 1994 que débarque Tokimeki Memorial, qui déclenchera un phénomène otaku d’une assez grande ampleur au Japon : dès sa sortie sur PC Engine il devint LA référence en matière de jeux de drague. Il fut ensuite adapté sur de nombreuses consoles, de la PlayStation en 1995 à la PSP en 2006, en passant par la Sega Saturn et la Game Boy. Son succès fut énorme, avec plus d’un million de jeux vendus au total (dont rien que 800 000 pour les versions PlayStation et Saturn), chose extrêmement rare pour un titre de ce genre. La série en elle-même comporte également de nombreux spin-offs dont des drama series (avec Hideo Kojima derrière !), se focalisant sur l’histoire d’un personnage en particulier.
La popularité de Tokimeki Memorial, on ne la doit pas qu’à ses personnages, mais aussi à son mélange réussi entre un jeu de drague traditionnel (choisir les bonnes réponses aux questions posées par les personnages) et un système de statistiques, que l’on doit à l’origine aux raiser sims. Ces derniers sont un genre de jeu particulier où l’on doit élever un personnage virtuel, le plus connu étant la série des Princess Maker de Gainax.
Dans la série des Tokimeki Memorial, le joueur se retrouve dans la peau d’un lycéen japonais moyen dans une ville imaginaire. Le but est de recevoir une déclaration d’amour de la part d’un personnage à un certain endroit légendaire (il change à chaque épisode de la série), le jour de la remise des diplômes.
Le joueur devra faire divers choix durant les trois années scolaires que comporte le jeu, augmenter suffisamment ses statistiques pour ne pas rater ses examens (il faudra donc penser à étudier !), surveiller sa réputation, gérer ses rendez-vous, etc. En fait, on construit en quelque sorte sa « vie sociale virtuelle » à travers ces expériences. Il y a également de nombreux événements spéciaux sous forme d’illustrations à débloquer (pour cela il faut être au bon endroit à la bonne date, et surtout avec la bonne personne) ainsi que des mini jeux du style RPG.
Le tout premier Tokimeki Memorial se déroule au lycée Kirameki, où il existe une sorte de légende : si deux personnes venaient à confesser leur amour sous le grand arbre du lycée, lors du jour de la remise des diplômes, elles seraient heureuses pour toujours…
Le jeu débute par l’arrivée du personnage principal dans une nouvelle ville où il vient d’emménager. Comble du hasard, sa voisine se trouvera être son amie d’enfance qu’il avait perdue de vue : Shiori Fujisaki, qui est en quelque sorte l’héroïne du jeu. Et le personnage le plus coriace, car il est très difficile de finir avec elle !
Durant les trois années que dure le jeu (d’avril 1996 à avril 1999 dans la version Super Nintendo), le joueur doit essayer d’être apprécié de toutes les filles en essayant d’augmenter ses statistiques via plusieurs activités : étudier, faire du sport, bavarder, dessiner, soigner son apparence, etc. Gérer les rendez-vous, les révisions d’examens, les cadeaux d’anniversaire… On se retrouve vite submergé si on ne planifie pas tout ! Et si le but du jeu est de faire en sorte qu’une fille tombe amoureuse du joueur, ce ne sera pas forcément Shiori…
Faire attention aux erreurs est primordial : par exemple, il faut éviter de donner rendez-vous à deux filles à la même date, dire des choses pas très gentilles (même si ce n’est pas l’envie qui manque vu la niaiserie de certains personnages), se tromper d’endroit lors d’un rendez-vous, etc. Car si le joueur ne traite pas correctement l’une des filles, elle risque de répéter à tout le monde certaines rumeurs sur votre personnage et le faire ainsi détester par toutes les autres filles. Et avoir bonne réputation, c’est important !
La réputation de Tokimeki Memorial est liée à son système de bombes : si vous délaissez une fille, l’envoyez balader ou si vous lui donnez rendez-vous mais n’y allez pas, elle risque de se mettre en colère et faire apparaître une « bombe » à côté de ses statistiques.
Cette bombe est toutefois visible si vous téléphonez à votre meilleur pote, Yoshio (qu’est-ce qu’on ne ferait pas sans ses amis virtuels). Au fil du temps elle se mettra à clignoter de plus en plus vite, et et lorsqu’elle explose cela signifie que la fille aura dit des rumeurs sur votre personnage. Des rumeurs qui se répandront très vite, ce qui fera que toutes les autres filles du jeu se mettront à vous détester du jour au lendemain. On peut heureusement annuler une bombe avant qu’elle n’explose en invitant à sortir la fille qui l’a posée…
Le joueur peut aussi se spécialiser dans une matière scolaire (musique, peinture, sport, théâtre, littérature…) par le biais des clubs offerts par le lycée, ou en pratiquant certaines activités. Car dans ce jeu, chacune des filles « correspond » à une statistique ; par exemple, en faisant beaucoup de sport, on finira par rencontrer Nozomi la sportive.
Tokimeki Memorial donne l’occasion pour un joueur occidental de pouvoir vivre plus ou moins la vie d’un étudiant japonais moyen, ce qui est très intéressant car cela permet de mieux comprendre comment sont organisés les lycées japonais, comment sont leurs examens, quelles sont les fêtes populaires… Car dans ce jeu, toutes les fêtes célébrées au Japon y passent : le jour de la culture, le jour de la mer, la Golden Week et même la Saint-Valentin avec ses chocolats en forme de cœur.
C’est en tout cas un jeu très agréable et addictif, mais qui a été vraiment vu et conçu d’un point de vue masculin et qui peut sembler un peu vieillot aujourd’hui. Les possibilités sont nombreuses et il y a même deux personnages cachés : le premier en fait une fille déguisée en garçon, tandis que le second ne peut être croisé qu’en passant son temps à faire la sieste.
Le seul gros défaut du jeu est de regrouper tous les clichés du genre, vus et revus dans d’innombrables anime et manga du même style, mais je recommande tout de même Tokimeki Memorial à ceux qui voudraient s’essayer aux dating sims, car non seulement le jeu en lui-même n’est pas très long (une partie dure environ 5 heures), mais en plus il est très amusant… pour peu que l’on comprenne le japonais !
[…] Exelen a très bien présenté la série Tokimemo (pour public masculin et féminin) avec toute une série d’articles sur son blog. […]