Exposition « Shoujo Manga! Girl Power » à Kawasaki

Du 16 février au 31 mars se déroule une exposition dédiée aux shoujo manga, au musée municipal de Kawasaki, dans la banlieue proche de Tokyo. Et bien entendu, je suis allée y faire un tour ce week-end…


En tout cas, on peut dire que c’était très instructif! Le thème principal était l’influence du shoujo manga, son évolution, et ce qu’il a apporté à la culture populaire, mais une petite partie était également dédiée aux shoujo manga dans le monde, notamment aux États-Unis (d’ailleurs, quasiment toutes les explications étaient données à la fois en japonais et en anglais). Il y avait aussi un coin bibliothèque, et un coin où on pouvait écrire un petit message aux auteurs de mangas qui étaient exposés (sympa comme initiative!).

Il y avait donc quelques illustrations et des planches de manga exposés, notamment des 23 mangaka hommes et femmes qui sont considérés comme avoir apporté quelque chose au monde du shoujo.

L’exposition était divisée en trois parties, retraçant en gros l’historique et l’évolution de ce genre de manga. Et comme de temps en temps un peu de culture otaku ça ne fait pas de mal, je vais un peu parler ici des 23 mangakas exposés dans le musée qui ont contribué à cette évolution, avec l’aide des brochures et de toutes les explications qui étaient donc dans cette exposition…

C’est un peu surprenant mais au départ, quasiment tous les shoujo manga étaient dessinés par des hommes, surtout peu après la seconde guerre mondiale. D’ailleurs, pendant cette même période, certains mangaka hommes ont débuté leur carrière en faisant des mangas pour filles.

– Tezuka Osamu : le père du manga moderne, et donc également l’un des premiers a avoir crée un manga pour filles : Ribbon no Kishi (Princesse Saphir).

– Matsumoto Leiji : le papa d’Albator a débuté malgré lui sa carrière en faisant des shoujo, alors qu’il détestait ce genre de manga…  Tout simplement parce qu’à l’époque, les éditeurs trouvaient que son style s’y adaptait parfaitement, et lui confiaient donc des commandes allant dans ce sens-là.

– Chiba Tetsuya : connu pour son manga Ashita no Joe, il a lui aussi débuté sa carrière en faisant des mangas pour filles; son oeuvre la plus célèbre dans cette catégorie restera Yuki no Taiyou (Le Soleil de Yuki), dont un épisode pilote pour une hypothétique série TV, mais qui ne verra jamais le jour, fut même réalisé par Hayao Miyazaki.

– Ishinomori Shōtarō : créateur du manga Cyborg 009 et également du célèbre héros Kamen Rider, il a lui aussi commencé sa longue carrière de mangaka avec des shoujo, mais qui sont restées ses oeuvres les plus mineures. Remarqué très vite par Tezuka, ce dernier lui demande de l’aider pour certains de ses mangas, notamment Astro. Ses oeuvres sont diverses et variées, et il a même crée un petit manga basé sur Zelda : A Link to the Past, où son style est facilement reconnaissable.

C’est vers la fin des années 50 que les premiers shoujo manga dessinés par des femmes sont enfin apparus. Durant cette période, la thématique de ces mangas était presque toujours la même : l’héroïne, après avoir enduré de nombreuses souffrances, surmonte les obstacles et ses problèmes, et arrive enfin à trouver le bonheur.

– Mizuno Hideko : la première mangaka a avoir crée des shoujo basés sur des légendes et des histoires d’origine occidentale (notamment des films). Sa première oeuvre majeure est « Fire! », qui fut le premier shoujo manga à avoir un garçon pour héros, mais aussi le premier à comporter une scène de sexe. Elle fut l’assistante de Tezuka, et est également célèbre pour avoir crée Honey Honey no Sutekina Boken, dont la version animée fut diffusée en France sous le nom de Pollen.

– Maki Miyako : son style a énormément influencé les shoujo. La célèbre poupée japonaise Licca chan (l’équivalent de Barbie) a même été créée en se basant sur les personnages féminins de ses mangas. Elle est également la femme de Leiji Matsumoto, et ce dernier voulant qu’elle se consacre plus à leur foyer plutôt qu’aux mangas, elle n’aura finalement crée qu’une dizaine de titres dans les années 70. Ces derniers étant maintenant assez recherchés par les collectionneurs, ils sont vendus pour plusieurs milliers de yens sur Yahoo Auctions…

– Watanabe Masako : elle a décidé de devenir mangaka en lisant les oeuvres de Tezuka. Elle est également l’une des toutes premières mangakas a s’être lancée dans le shoujo. Son oeuvre la plus célèbre est Glass no Shiro, pour laquelle elle a reçu le Shogakukan Manga Award; mais par la suite elle abandonne le shoujo, pour finalement se tourner vers le josei.

C’est vers la fin des années 70 qu’arriva le véritable boom du manga pour filles, avec des thèmes aussi variés que la science-fiction, l’aventure, les faits historiques… C’est également pendant cette période que sont arrivées les 24-gumi, un groupe de mangaka nées autour de l’an 24 de l’ère Shōwa (1949), et qui ont eu une forte influence dans le monde du shoujo. Puis se fut vers le début des années 80 que le manga pour fille se divisa en deux, donnant naissance aux manga pour femmes adultes : le josei (appelé également Ladies’ Comics).

– Satonaka Machiko : elle a été l’une des premières a avoir crée des josei, et ses titres ont reçu de nombreuses récompenses. Auteur très prolifique, tous ses mangas totalisent ensemble pas moins de 485 volumes (sans compter les rééditions)! Elle est ensuite devenue également directrice d’une association visant à promouvoir et protéger les mangaka. D’ailleurs, lorsque Disney a sorti son film Le Roi Lion, elle a organisé une pétition visant à faire reconnaître que c’était un plagiat du Roi Léo, de Osamu Tezuka.

– Ichijō Yukari : elle a crée un style visuel original et novateur pour l’époque, qui sera repris par de nombreuses mangaka; toujours très active, elle continue de publier des mangas, la plupart ayant été adapté en drama.

– Ikeda Riyoko : surtout connue pour Lady Oscar. Pas la peine que j’en dise plus sur elle, je pense. ;p

– Takemiya Keiko : l’une des pionnières du shoujo; elle est connue pour ses mangas Toward the Terra (qui est classé comme un shounen alors qu’il contient de nombreuses similitudes avec un shoujo) et Kaze to Ki no Uta, et est également la mère du manga dit « yaoi ». Elle est maintenant professeur à l’université Seika, à Kyoto, où elle enseigne l’étude du manga.

– Miuchi Suzue : connue pour ses mangas dignes d’un feuilleton, dont le fameux Glass no Kamen (Laura ou la passion du théâtre), crée en 1976 et toujours pas fini (il s’est même écoulé six ans entre la sortie du 41ème et du 42ème volume), et qui connaîtra des adaptations en anime et un drama.

– Yamagishi Ryouko : son oeuvre la plus célèbre est « Hi Izuru Tokorono Tenshi », un manga historique basé sur l’histoire du prince Shoutoku Taishi, et qui est également l’un des premiers manga à contenir du Boy’s Love. Son style très particulier rappelle parfois celui des estampes.

– Hagio Moto : considérée comme l’une des fondatrices du shoujo manga moderne aux côté de Takemiya Keiko, et parfois considérée comme la version féminine de Tezuka. Elle est plutôt connue hors du Japon pour son oeuvre They Were Eleven, qui a également été adapté en film et en drama. Elle s’est également occupée du chara-design du jeu vidéo Illusion of Gaia.

– Mutsu A-ko : elle est a l’origine des mangas « otome », ou les héroïnes sont de jeunes filles pures et innocentes qui rêvent du grand amour (90% des héroïnes de la production actuelle, en fait…). Ses oeuvres sont principalement des comédies romantiques.

– Kuramochi Fusako : ses mangas sont connus pour le sentiment de nostalgie qui s’en dégage, et leur côté un peu « amer ». Son titre « Itsumo poketto ni Chopin » est également le tout premier manga a avoir pour thème la musique classique.

– Iwadate Mariko : ses mangas ont un style assez délicat et particulier, qui a influencé d’autres mangaka. Elle a encore maintenant un groupe de fans très fidèle.

– Sato Shio : elle a fait peu de mangas, mais ses oeuvres sont bien plus provocantes et « littéraires », et contiennent parfois des dialogues comportant du vieux japonais.

– Yoshida Akimi : auteur d’une quarantaine de mangas, elle est connue dans le monde grâce à Banana Fish. Elle a également reçu de nombreuses récompenses.

– Reiko Okano : une artiste célèbre pour ses mangas historiques, dont le style assez fin et détaillé rappelle celui des estampes. Il est dit qu’elle a fait évoluer les codes du fantastique dans le manga. Elle est également la femme du fils de Osamu Tezuka.

– Yoshinaga Fumi : elle est surtout connue pour ses mangas à tendance boy’s love, et a également réalisé de nombreux doujinshi, dont certains sur Lady Oscar et Slam Dunk. A noter que l’un de ses titres, Antique Bakery, va connaître une adaptation en anime cet été.

– Ima Ichiko : cette mangaka a réellement débuté en tant que professionnelle en 1993, après avoir été assistante pendant plus d’une dizaine d’années. Son titre le plus célèbre, Hyakkiyakou Shou, est un très bon représentant des mangas ayant pour thème le folklore et le fantastique japonais. Il est également publié en France sous le nom Le Cortège des Cent Démons.

– CLAMP : pas besoin de présenter ce groupe. Elles font partie des mangakas influents grâce à leur style et leurs histoires très variées (parce que bon, entre RG Veda et Chobits, il y a quand même un gouffre), et ont pas mal contribué à l’univers du shoujo en général. Leur titre le plus présent dans cette exposition était Card Captor Sakura.

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Voilà, ça sera tout pour la petite présentation des 23 mangaka présents dans cette exposition. Exposition par ailleurs vraiment sympa et instructive, dommage qu’il n’y en ai pas plus de ce genre. A quand une expo sur les shounen?

10 commentaires

  1. >> Tezuka Osamu : […] l’un des premiers a avoir crée un manga pour filles : Ribbon no Kishi (Princesse Saphir).

    Justement, selon Matt Thorn lors de la conférence « manga 60 ans après », Tezuka est loin d’être un pionnier du Shôjo. En réalité il existe des mangas pour fille datant du début du XXeme siècle, quand les magazine de manga on commencé a être séparés en mags pour garçons et mags pour filles.

  2. Porki >> de rien, l’ami :D

    Tetho >> c’est pour ca que j’ai ecrit « l’un des premiers ». ;-)
    Car effectivement les mangas pour filles anterieurs a Tezuka, il y a bien des titres comme Anmitsu Hime. Effectivement ca serait peut-etre plus juste de dire que Ribbon no Kishi est le premier manga pour fille « contemporain »?

  3. Disons que j’ai du mal a voire « un des premiers » pour un genre qui avait déjà une 50aine d’années quand il y a touché ;)
    Mais je pense que oui, on doit pouvoir dire qu’il a mis au point le shôjo contemporain.

  4. Super, un pavé~ *bave*.

    Merci pour ce petit passage d’enrichissement de notre culture otaku, camarade. :)

  5. Oui, merci à toi exelen !!
    Sympa de nous faire partager ce genre d’exposition (moi grande fan de shoujo).
    Que du beau monde …

  6. Trop bien l’expo!! J’en veux plus souvent des comme ça en France!
    Ca me rappelle une expo sur le manga à Stockholm en 2005, mais c’était beaucoup moins explicatif et cela visait juste à faire découvrir le manga en général au public. Le seul + c’est qu’il y avait des planches originales de One Piece, Tezuka, Toriyama etc…

  7. dans les manga recent il y a des titres tres interessant mais très peu sont publiés en france les editeurs preferent les histoires a l’eau de rose a deux balle genre toute la gamme yu watase et Wataru Yoshizumi et leurs conseour ou des trucs de Shinjo Mayu ou il ya un peu de sexe mais une heroine cruche qui se laisse manipulé par le bishonen du coin -_- bref le bas du shojo manga et du mauvais gout pour moi! Mais bon je remercie Tonkam et d’autres editeurs comme akata pour publier d’exellent titres comme kare kano fruits basket, vampire knigth, yami no matsuei,certains clamp, l’infermerie apres les cours…mais c’est bien dommage qu’il n’y en est pas plus a quant des shojo comme life, deep ou sensei en france???

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