C’est ce dernier week-end de mars qu’a eu lieu la toute première édition de l’Anime Contents Expo, tandis que le week-end juste avant s’est tenu le célèbre Tokyo Anime Fair. Deux événements au contenu a priori similaire, mais qu’en aura-t-il vraiment été ?
Petite piqure de rappel : en décembre 2010, plusieurs éditeurs appellent au boycott du Tokyo Anime Fair de 2011 en signe de protestation contre la révision de la loi de la protection des mineurs par le Gouvernement Métropolitain de Tokyo et dont le gouverneur, Shintarô Ishihara, est également président du festival. Un autre événement est alors mis en place par plusieurs grandes sociétés de productions et maisons d’édition participant à ce boycott, et ce le même week-end que celui du Tokyo Anime Fair : l’Anime Contents Expo. Suite aux événements du 11 mars dernier les deux festivals furent finalement annulés, mais le boycott est resté d’actualité : l’Anime Contents Expo fut donc maintenu pour 2012, à la différence qu’il a été finalement décidé de ne pas faire coïncider les dates des deux événements.
De mon côté j’ai donc choisi cette année d’aller aux deux événements, ce qui m’aura permis de les comparer : effectivement les deux festivals n’auront eu en commun que leur thème des anime, car leur contenu respectif était dans le fond bien différent. Et impossible également de ne pas sentir que le Tokyo Anime Fair a réellement souffert du boycott, ne serait-ce par le contenu relativement light du festival mais aussi son nombre de visiteurs bien moins important par rapport aux éditions précédentes, même si quelques sociétés comme Good Smile Company, Niwango (Nico Nico Douga) ou encore Bushiroad étaient présentes aux deux événements. Les quelques rares présentations de nouvelles séries concernaient surtout celle du nouveau Lupin III et de séries pour enfants comme la suite de Pretty Rhythm Aurora Dream, tandis que d’autres comme la nouvelle série d’Eureka Seven étaient certes présentes mais pas vraiment mises en avant : si le Tokyo Anime Fair faisait autrefois office de « présentoir » des nouvelles séries du printemps, ce rôle aura finalement échu à l’Anime Contents Expo.
Le stand de NTV, en grosse partie dédié à Chihayafuru (Tokyo Anime Fair)
Que reste-t-il donc du Tokyo Anime Fair, alors ? Il ne faut pas oublier qu’il s’agit avant tout d’un salon international en grosse partie destiné au commerce et comprenant également des séminaires et autres conférences. Mais son contenu était clairement plus destiné à un public familial lors des deux journées ouvertes au public, avec la présence d’une aire de jeu pour enfants ainsi que quelques activités comme des séances de coloriage, mais aussi beaucoup de stands sur des séries destinées aux plus jeunes. Il y avait également un aspect bien plus culturel, qui était déjà bien présent lors de l’édition précédente, avec notamment une présentation des différents musées sur le thème de l’animation japonaise et des mangas dans tout le Japon, mais aussi un espace sur les Tokyo Anime Awards ainsi qu’un hommage aux grands noms de l’animation japonaise. Le Tokyo Anime Fair est aussi un endroit où on peut retrouver plusieurs écoles d’animation et de nombreuses sociétés étrangères, ce qui n’est pas le cas de l’Anime Contents Expo. Les allées étaient en tout cas assez vides, rien à voir donc avec l’édition de 2010 où il était très difficile de circuler. Il y a cependant eu quelques événements sur scène, et en terme de popularité la Toei Animation avec son show sur Smile Precure aura eu beaucoup de succès, surtout auprès d’un certain fandom adulte…
Brève comparaison entre le Tokyo Anime Fair et l’Anime Contents Expo :
- Tokyo Anime Fair 2012 :
Dates : 22 et 23 mars (jours réservés aux professionnels), 24 et 25 mars
Lieu : Tokyo Big Sight, halls 1 à 3
Prix de l’entrée sur place pour un adulte : 1 000 yens
Nombre de visiteurs au total sur les 4 jours : 98 923 (édition précédente : 132 492)
Nombre de professionnels (presse) présents sur les 4 jours : environ 200
- Anime Contents Expo 2012 :
Dates : 31 mars et 1er avril
Lieu : Makuhari Messe, halls 1 à 3
Prix de l’entrée sur place pour un adulte : 1 500 yens
Nombre de visiteurs présents au total sur les 2 jours : 41 628
Nombre de professionnels (presse) présents sur les 2 jours : 281
On constate quand même que le nombre de visiteurs du Tokyo Anime Fair aura vraiment diminué entre l’édition de 2010 et de 2012. Quant à l’Anime Expo Contents le festival fait un très bon score pour une première édition, sachant également que contrairement au Tokyo Anime Fair les tickets pour y entrer se vendaient uniquement par réservation à l’avance. Il était toutefois possible d’acheter des tickets le jour-même mais seul un petit nombre fut mis en vente la journée du samedi et du dimanche : d’après plusieurs personnes sur 2ch et Twitter ils auraient tous été vendus vers 9h30, donc de nombreux visiteurs ont dû rentrer chez eux sans avoir pu y mettre les pieds. De mon côté j’ai même pu voir près de la station de train où se tenait l’événement quelques japonais qui demandaient aux gens qui s’y rendaient si ils avaient des tickets en trop.
Le boycott aura toutefois permis de voir des choses assez étranges au Tokyo Anime Fair, principalement avec le stand du Studio Pierrot.
Le Studio Pierrot est notamment le studio d’animation derrière les anime de Bleach et de Naruto : alors que se passe-t-il lorsque ces deux séries ainsi que d’autres titres à succès appartiennent originellement à des maisons d’édition qui sont derrière le mouvement de boycott ? Et bien le Studio Pierrot n’a pas eu d’autre choix que de se consacrer uniquement à ses plus anciennes séries, notamment les anime de magical girl. Voilà donc pourquoi on se retrouve avec un stand entièrement consacré à Creamy Mami, proposant même une séance de dédicaces de la doubleuse de Creamy, ainsi que des diffusions en boucle des génériques de Fancy Lala et Magical Emi. Je n’allais pas me plaindre étant donné que je suis fan des séries de magical girls du studio, mais cela avait un côté quand même bien surréaliste.
Pour en finir avec le Tokyo Anime Fair, parmi les gros stands de l’événement il y avait celui dédié à la série tokusatsu Garo mais aussi celui de Satelite, avec notamment du Môretsu Pirates et du Aquarion Evol ainsi qu’une présentation du futur anime basé sur les AKB48, AKB0048. En tout cas, inutile de nier que cette édition du Tokyo Anime Fair faisait dans l’ensemble bien peine à voir, même si c’était prévisible.
Et du côté de l’Anime Contents Expo ?
L’ambiance y était radicalement différente, et surtout le public n’était pas vraiment le même. En fait, l’Anime Contents Expo m’aura beaucoup rappelé les halls consacrés aux stands professionnels lors du Comiket : c’était bourré de monde, avec des files interminables pour acheter certains goodies (notamment sur le stand de Animate et ses trois heures de queue). Rien à voir donc avec l’ambiance du Tokyo Anime Fair et son côté nettement plus familial : on sentait bien que c’était avant tout dédié aux otaku purs et durs. En terme de superficie c’était par ailleurs bien plus petit que le Tokyo Anime Fair mais avec des stands nettement plus grands, ce qui expliquerait pourquoi c’était le parcours du combattant pour circuler alors qu’il y avait deux fois moins de visiteurs. Même si je pense que le système d’admission dont j’ai parlé plus haut n’a pas non plus arrangé les choses à ce niveau-là… Le coin des stands de nourriture était lui aussi plein à craquer, même si les estimations des temps d’attente étaient quand même exagérées : j’en ai eu pour 30 minutes de queue alors qu’il était annoncé 90 minutes.
Pas non plus de tromperie au niveau du contenu : l’Anime Contents Expo est avant tout un événement destiné à présenter les nouvelles séries, principalement celles de ce printemps. Mais on pouvait toutefois trouver quelques expositions, des ventes aux enchères, la possibilité de s’essayer au doublage de film d’animation, un stand qui faisait la promotion de la préfecture de Tottori via des anime… Et on pouvait même y trouver un petit coin dédié au cosplay.
L’Anime Contents Expo comprenait également deux scènes, le White Stage et le Red Stage, accessibles uniquement avec un billet spécial, et qui permettait de voir des talk events sur les nouvelles séries ou encore de mini concert, dont un live nocturne le samedi soir. On pouvait entendre certains live dans tout le festival, notamment un mini concert de Nana Mizuki où les fans gueulaient bien plus fort que la chanteuse. ;)
Les stands étaient donc vraiment très grands, le plus impressionnant étant peut-être celui de Aniplex. C’était également l’occasion de mettre la main sur des goodies limités mais aussi d’avoir un aperçu des futures séries avec quelques trailers : pas vraiment de surprise à ce niveau-là donc, et cet Anime Contents Expo était vraiment ce à quoi je m’étais attendue. Sinon je n’entrerai pas dans les détails de l’événement en lui-même, vraiment riche, car des sites comme celui de Anime News Network font cela très bien.
Globalement j’ai largement préféré l’Anime Contents Expo, que ce soit en terme de contenu ou d’ambiance, même si j’ai trouvé les deux événements assez complémentaires.
Mais je me demande surtout si à l’avenir le Tokyo Anime Fair et l’Anime Contents Expo pourraient continuer à cohabiter : les deux festivals peuvent au final effectivement être complémentaires, étant donné la grosse partie du Tokyo Anime Fair dédiée aux créateurs indépendants via son Creator’s World et aux écoles d’animation, ainsi que la forte présence de sociétés étrangères et de stands culturels, alors que d’un autre côté l’Anime Contents Expo se consacrait quant à lui uniquement aux nouveautés. Les organisateurs de l’Anime Contents Expo n’ont cependant pas encore annoncé officiellement si ils allaient renouveler l’événement pour 2013, tandis que de son côté le comité du Tokyo Anime Fair a également décidé de mettre en place un Anime Fair Kansai qui se déroulera en septembre prochain à Kobe.
Pour finir, j’ai mis en ligne toutes mes photos prises lors de ces deux événement ici :
– Tokyo Anime Fair 2012 (129 photos)
– Anime Contents Expo 2012 (150 photos)
Note : le prochain billet arrivera bien plus rapidement /o\