C’est en 1995 sur Super Famicom que la série Sailor Moon se retrouve déclinée pour la première fois en RPG. Un jeu basé sur un anime célèbre donnant rarement un résultat très mémorable, ce Sailor Moon : Another Story propose pourtant quelque chose de différent des autres jeux à licence exploités en long, en large et en travers.
Si le scénario est basé sur l’univers de Sailor Moon tout en reprenant des éléments de l’anime ET du manga (il vaut mieux avoir lu ce dernier pour mieux comprendre certains points de l’intrigue), il est en revanche complètement original et se situe entre les séries Sailor Moon S et Sailor Moon SuperS : dans le futur, un groupe de cinq jeunes filles appelées les Oppositio Senshi voyage dans le passé afin de modifier le cours du temps, sous les ordres d’un être mystérieux antagoniste nommé Apsu.
En modifiant le passé, elles changent la destinée du Tokyo du XXème siècle. C’est ainsi que nos héroïnes vont se retrouver confrontées à des phénomènes étranges, puisque tous les ennemis qu’elles ont combattu par le passé ont mystérieusement ressuscité : la Reine Beryl, les habitants de la Black Moon, les Death Busters, et même Fiore du film Sailor Moon R… Il y en a bien d’autres, car de nombreux ennemis des épisodes de la série TV seront là, eux aussi.
Changer le passé a non seulement fait revivre les monstres et les ennemis de jadis, mais le destin des Sailors a également été touché. Par exemple, la petite Hotaru (transformée en bébé à la fin de Sailor Moon S) retrouve sa taille d’adolescente mais se transformera à nouveau pendant un moment en Mistress 9. Plein d’autres surprises parsèment le jeu, ce qui fait que pour tout fan de Sailor Moon ce RPG est un pur bonheur bourré de fan service grâce à ses nombreux clins d’œil ; pour les autres, ça sera surtout du pur ennui. Et avec un tel scénario, ils auraient facilement pu faire un film ou encore une série d’OAV.
La personnalité des ennemis n’est pas en reste car les Oppositio Senshi sont des personnages assez intéressants, et leurs noms tirés de la mythologie mésopotamienne ne leur ont pas été attribués au hasard. Concernant l’ennemie principale, Apsu, elle reste en fin de compte un « méchant » très classique et sans réelle profondeur, ce qui est bien dommage.
Il s’agit clairement d’un jeu destiné aux plus fans de la franchise : toutes les Sailors sont présentes, les références et clins d’œil au manga et à certains épisodes sont très nombreux, les graphismes sont similaires à ceux de la série TV (on a même droit aux musiques originales de cette dernière), chaque Sailor prononce même le nom de son attaque spéciale…
La prise en main du jeu est par ailleurs assez simple, et toutes les actions lors des combats sont représentées par des icônes très explicites. Concernant les attaques de nos Sailors on a droit à toutes celles de la série TV et du manga ; et suivant sa puissance, une attaque utilise plus ou moins d’EP (Energy Points). Les EP se remplissent d’ailleurs automatiquement à fond à chaque combat, ce qui est assez pratique mais ne rend pas pour autant le jeu plus facile. On peut également combiner les attaques des Sailors, avec des attaques réalisables par deux et par groupe de trois, et ceux qui ont joué à Chrono Trigger ne seront pas perdus car c’est quasiment le même système. L’attaque combinée de Super Sailor Moon et Super Sailor Chibi Moon est par ailleurs un peu trop similaire à l’attaque ultime de Chrono dans Chrono Trigger…
Mais le plus étrange dans tout cela est la difficulté, assez mal calibrée : on peut parfois bloquer sur certains monstres, et si on tente de remédier à cela en essayant de gagner deux ou trois niveaux on devient finalement tellement puissant que l’on aura l’impression d’être plutôt monté de 20 niveaux d’un coup… Jusqu’à ce qu’on bloque sur un ennemi plus loin, et ainsi de suite. A noter que le jeu possède deux fins différentes, suivant que l’on perde ou non face au boss final.
Ce Sailor Moon : Another Story est au final un RPG moyen mais intéressant pour les fans de la série. Son point fort, c’est son excellent scénario et l’ambiance qui s’en dégage : pour peu que l’on arrive à entrer dans l’histoire, on a vraiment envie de savoir comment le jeu va se terminer. En tout cas, il reste la preuve qu’avec des efforts, on peut obtenir un jeu vidéo à licence tout à fait honnête et qui ne se moque pas de ses fans.